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Pour les maraîchers diversifiés, l’ail est un atout de plus sans trop de frais

Peu cultivé en dans notre pays, l’ail mérite pourtant de s’ajouter aux productions particulières locales. Il est cultivé dans les fermes maraîchères diversifiées. La production demande des investissements pour l’achat des plants mais pas de frais importants de structure.

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Sur le plan variétal, les sélections traditionnelles sont basées sur l’intensité de la dormance et la période de bulbaison. L’ail du Nord a une bulbaison tardive et une dormance forte. Il donne des bulbes de taille petite à moyenne et à tunique de couleur ivoire. Des variétés en ont été régénérées – pour assurer l’homogénéité et l’épuration du virus OYDV – parmi lesquelles Arno et Gayant. Ces variétés se conservent bien durant l’hiver et ont une bulbaison tardive permettant à la plante de produire un nombre élevé de feuilles et donc de caïeux potentiels.

La tubérisation se produisant en juin, cette plante maraîchère bénéficiera le plus souvent des températures proches de l’idéal pour sa culture, soit 18 à 20 ºC.

Favoriser les racine et le drainage

Nous respectons une rotation d’au moins 5 ans comme il convient aux plantes de la famille des alliacées. Le sol doit être décompacté sur une profondeur d’une vingtaine de cm. Surtout, il doit permettre un bon drainage pour éviter que les bulbes plantés assez profondément ne restent plusieurs jours sous eau en période pluvieuse. En terrains mal drainés, la culture sur ados est une solution.

La décompaction du sol vie la mise à disposition d’un sol permettant une bonne installation des racines. C’est la première condition pour éviter les carences en magnésium, zinc, bore ou molybdène. La seconde condition est de disposer d’un sol à pH légèrement acide, au pH KCl entre 5,8 et 6,8. Nous évitons les labours de printemps qui risquent de moins bien préserver les réserves en eau à la sortie de l’hiver.

Fumure et plantation

Les fumures organiques fraîches peuvent apporter de trop fortes mises à disposition d’azote et seront donc proscrites.

Les exportations totales sont de l’ordre de 110 unités d’azote, 30 unités d’anhydride phosphorique, 100 unités de potasse et 50 de soufre. L’analyse de sol nous guidera, mais dans la plupart des terrains maraîchers, les sols sont déjà largement pourvus en ces éléments, avec toutefois une attention particulière pour le soufre qui peut être apporté par un sulfate de potassium ou de magnésium ou mixte. Le soufre est un des composants des sulfures d’allyle qui donnent sa saveur à l’ail.

Les caïeux sont séparés du bulbe. Ils sont plantés à une densité de 20/m² et à une profondeur de 3 cm au moins.

Le suivi de la culture

Le désherbage est essentiellement basé sur les binages. Plusieurs herbicides sont aussi homologués en ail, en pré-émergence ou en post-émergence, parmi lesquels des produits à base de chlorprophame, d’isoxaben, d’aclonifen, de chloridazon, de bromoxynil, de bentazone ou des graminicides de post-émergence.

La culture a besoin de quelque 350 mm d’eau. Les pluies ne suffisent pas chaque année et seront alors complétées par des irrigations par aspersion, surtout à partir de la formation des bulbes et leur grossissement, en juin et juillet.

La disponibilité en eau est un facteur important

La plantation peut se faire en automne ou au printemps. Les hivers parfois très humides de chez nous peuvent amener des défauts structurels du sol qui nuisent au bon développement des plantes ; les plantations d’automne seront réservées aux sols et situations les plus drainants où elles auront un meilleur potentiel de rendement. La plantation de printemps risque d’amener la culture à croître lors des semaines les plus sèches de printemps et d’été, l’irrigation sera souvent nécessaire.

Le terme bulbe employé couramment évoque la forme générale  de l'ensemble des caïeux entouré de la tunique.
Le terme bulbe employé couramment évoque la forme générale de l'ensemble des caïeux entouré de la tunique. - F.

Gare à la montaison !

Certaines années, les conditions favorables à la plantation surviennent assez tard au printemps. Si par la suite il fait froid alors que la longueur du jour est importante (de mi-mai à début juin), l’ail peut développer une hampe florale. Les fleurs sont généralement stériles, mais les hampes développent des bulbilles d’inflorescence sans intérêt commercial. Il faudra couper ces hampes florales pour préserver les productions de caïeux.

Après la plantation, le caïeu développe un enracinement puis ses 10 à 15 feuilles. Quand les conditions de végétation lui sont favorables (structure du sol, approvisionnement en eau, température) les feuilles sont plus larges et longues, ce sera un facteur important de rendement et de qualité.

Ennemis et maladies

En sols décompactés et bien drainé, l’ail connaît peu de maladies de conservation. Sur le feuillage, la rouille est assez fréquente. Les pustules réduisent l’efficacité de la photosynthèse lorsqu’elles sont nombreuses. Cette maladie est combattue préventivement par l’hygiène d’exploitation en éliminant les foyers sur Allium sauvages près de la parcelle et surtout par des applications de fongicides (voir https ://fytoweb.be/fr).

La pourriture blanche (Sclerotium cepivorum) se transmet via le sol et sera prévenue par le respect de la rotation et la plantation de caïeux semenciers sains.

Les thrips peuvent être très nombreux en période sèche, de nombreux insecticides sont homologués. Les nombreuses piqûres finissent par provoquer le dessèchement du feuillage.

Des feuilles et des cailleux

Le nombre de caïeux est en relation avec le nombre de feuilles : plus les conditions de croissance sont favorables, plus le nombre est élevé et proche de 15. La longueur et la largeur des feuilles sont en relation avec l’alimentation en eau et en sels minéraux, donc en relation avec l’enracinement et les apports d’eau.

Nous récoltons l’ail lorsque les feuilles supérieures jaunissent. Le bulbe entre alors en dormance pour une période de plusieurs mois, du moins pour les variétés adaptées au climat des Hauts de France, proche du nôtre.

Nous récoltons la plante entière en vue du nattage ou nous broyons le feuillage avant récolte pour la vente en vrac.

Séchage et conservation

Dès la récolte, les bulbes sont séchés. Selon le volume récolté, les techniques de séchage diffèrent, mais le principe reste le même. Nous séchons le plus rapidement possible la tunique extérieure. En cas d’apport de chaleur pour réchauffer l’air de séchage, nous ne dépassons pas les 32ºC. Lors du premier mois de conservation, la perte de poids sera assez importante, de l’ordre de 30 % pour devenir négligeable ensuite. Les nattes comprennent 12 ou 24 têtes, les bottes en comprennent 12.

La dormance

C’est à 7ºC que la dormance est levée le plus rapidement. Les températures basses (1ºC, par exemple) ou élevées (15ºC) allongent la durée de la période de dormance. Elles sont donc intéressantes pour l’ail planté au printemps. Pour les variétés à longue dormance placées dans les conditions de température stable aux niveaux indiqués ci-dessus, il n’est pas nécessaire de prévoir de traitement à l’hydrazide maléique ni de traitement ionisant.

F.

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