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Quelles questions dois-je me poser avant d’acquérir une nouvelle faucheuse?

La faucheuse est à la base de la récolte des fourrages et occupe à ce titre une place prépondérante dans le parc de matériel des fermes d’élevage, mais aussi des entreprises de travaux agricoles. Il s’en vend environ 650 chaque année dans notre pays, tous modèles confondus. Le panel de solutions techniques proposé en la matière par les constructeurs est particulièrement large. Le choix d’une nouvelle faucheuse doit être le fruit d’une réflexion préalable à son acquisition afin de s’assurer qu’elle répondra aux réalités de travail dans l’exploitation concernée. Quels critères prendre en compte au moment de poser ce choix ?

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Si la faucheuse la plus vendue est un modèle à disques porté de 3 à 3,5 m de largeur de travail, force est de constater qu’elle ne constitue pas la panacée pour toutes les exploitations.

Comme toujours lorsqu’il est question de matériel agricole, avant d’opter pour telle ou telle machine, il y a lieu de cerner les conditions de travail propres à l’exploitation. Des paramètres tels que les espèces à faucher, le stade et la densité de celles-ci au moment de la récolte, le nombre annuel de coupes, la superficie et la topographie des parcelles… sont en effet primordiaux à considérer.

Une fois cette réflexion menée, il est temps d’ouvrir les catalogues des constructeurs pour trouver la faucheuse qui répondra au mieux aux exigences de l’exploitation. Alors, à disques ou à tambours ? Portée ou traînée ? Seule ou en combinaison ? Avec ou sans conditionneur ? Les interrogations sont nombreuses. Si le présent dossier n’a pas la prétention d’offrir une réponse universelle à tous les utilisateurs, il énonce des pistes de réflexion utiles et pertinentes pour présider au choix d’une faucheuse.

À disques ou à tambours ?

Les deux techniques coexistent sur le marché depuis bon nombre d’années et ont fait leur preuve, chacune avec ses avantages et inconvénients. En termes de ventes, les parts de marché prises par les faucheuses à disques supplantent largement celles des faucheuses à tambours. Et ceci pour plusieurs raisons.

La première d’entre elles réside certainement dans le fait que, pour les secondes, avec des matériels à 2 ou 4 tambours, la largeur de travail est forcément limitée par rapport aux machines à disques. L’augmentation de cette largeur devrait, pour les constructeurs, passer par l’ajout de tambours, ce qui générerait un accroissement de poids inenvisageable. À largeur égale, une faucheuse à tambours est plus lourde que son homologue à disques.

Qualité et hauteur de coupe

En ce qui concerne la qualité de coupe, les faucheuses à disques tirent leur épingle du jeu, pour autant qu’elles soient correctement réglées. Proportionnellement, le nombre de couteaux par unité de largeur de travail est supérieur par rapport aux machines à tambours, réduisant dès lors leur usure.

Le lamier supportant les disques dispose de patins sur sa face inférieure. Il est important que ceux-ci reposent sur le sol à plat et sur toute leur surface. C’est effectivement dans cette position que se fait la coupe de meilleure qualité. En série, les constructeurs dimensionnent généralement ces patins pour procurer une hauteur de coupe minimale de 4 à 4,5 cm au-dessus du sol (la hauteur de coupe optimale conseillée d’un point de vue agronomique est de 5 à 7 cm).

Vouloir faucher plus bas est une ineptie, surtout pour des récoltes destinées à être ensilées. En effet, sous cette hauteur, le pied de l’herbe est souillé par la terre (projetée par les impacts des gouttes d’eau lors des épisodes pluvieux) et dispose de moins bonnes qualités nutritionnelles. Par ailleurs, le risque de faire remonter des cailloux ou de la terre dans le fourrage augmente, sans oublier que le potentiel de repousse du couvert végétal s’en trouve altéré.

Enfin, une coupe trop rase mettra plus rudement à contribution les matériels succédant à la faucheuse, tels la faneuse, l’andaineur…

Certains proposent de modifier la hauteur de coupe en adaptant la longueur de la barre du 3e point. Il convient à ce propos de se montrer prudent : cette action sur le 3e point se concrétise par une modification de l’inclinaison du lamier, soit vers l’avant, soit vers l’arrière. Un angle de piquage trop important des disques se traduira par une coupe trop basse, avec les conséquences néfastes évoquées ci-avant. Qui plus est, les patins ne reposeront plus à plat, mais seulement sur une partie de leur surface et une arête, marquant ainsi le sol et rendant la faucheuse plus difficile à tirer.

La qualité de coupe sera aussi impactée, avec la création de vagues par une coupe trop rase à certains endroits et trop haute à d’autres engendrées par la rotation de chaque disque dans un plan incliné. Cette rotation inclinée peut également générer une perte de fourrage. En effet, les couteaux fixés sur chaque disque sont animés d’un couple de force et d’une énergie cinétique leur permettant de couper l’herbe par impacts, la masse végétale se présentant face à eux jouant le rôle de contre-couteau. En fin de course, cette masse se réduisant de plus en plus, le rôle de contre-couteau est repris par le lamier. Cependant, si le plan de rotation des couteaux est trop incliné, il existe un risque de voir une partie de l’herbe se coucher sur le lamier à cause du mouvement montant trop prononcé du couteau, et ainsi n’être fauchée que partiellement.

Lorsque la hauteur de coupe doit impérativement être modifiée, comme ce peut être le cas avec des légumineuses afin de préserver leur capacité de repousse, il est possible de changer les patins par d’autres plus épais de façon à conserver la rotation des disques dans un plan optimal et donc à maintenir la qualité de la coupe.

Montage et rotation des couteaux

Les disques peuvent être de formes et de tailles différentes, supportant deux couteaux, voire trois pour certains modèles. De façon générale, plus le disque est grand, plus le couple de force dont bénéficient les couteaux est élevé, pour une même vitesse de rotation. Toutefois, un grand disque peut laisser trace de son passage si la faucheuse est mal réglée, diminuant ainsi la qualité de coupe.

Le nombre de couteaux influence leur fréquence de passage. Augmenter celui-ci peut être intéressant pour des parcelles caractérisées par un faible intervalle de temps entre deux coupes successives mais cela peut également nuire au potentiel de repousse de l’herbe qui peut subir négativement les passages répétés de ces couteaux.

Dans tous les cas, il est important de respecter le sens de montage et de rotation des couteaux dans le but bien entendu d’assurer une coupe la plus nette possible, de mettre à profit leurs qualités d’auto-affûtage, et de respecter les mesures de sécurité prévues par le constructeur. À titre d’exemple, certains couteaux disposent d’un biseau orienté vers le haut de manière à pouvoir s’escamoter en cas de rencontre avec un obstacle. Un montage inversé serait très préjudiciable car il provoquerait l’effet inverse, en favorisant un choc frontal avec cet obstacle.

Pour les « longs foins », optez pour les tambours

Si les faucheuses à disques se montrent polyvalentes, elles atteignent souvent leurs limites dans ce qui est communément appelé les « longs foins », autrement dit la récolte d’herbes matures, denses et longues en vue de faire du foin. Ces limites sont encore plus marquées en conditions difficiles, notamment lorsque ces herbes sont versées.

Pour ce type de récolte, une faucheuse à tambours se révèle plus performante et procure une fauche de meilleure facture. Ceci est dû au fait qu’une faucheuse à tambours coupe en général plus bas (ce qui pose moins problème en foin, en cas de coupe annuelle unique…) et que les tambours jouent un rôle de transport de la matière vers l’arrière. La plupart des constructeurs dotent d’ailleurs leurs tambours de méplats ou de déflecteurs pour optimiser l’évacuation de la marchandise et, le cas échéant, réduire le risque d’enroulement des longs brins d’herbes autour des corps des tambours.

Vu ces caractéristiques et leur largeur de travail limitée, les faucheuses à tambours rencontrent donc du succès plutôt dans des exploitations moins intensives ou chez des hobbyistes (détenteurs de moutons, chevaux…) récoltant des mélanges en prairies permanentes et offrant du foin comme alimentation de base à leurs animaux.

Puissance requise

En ce qui concerne la puissance requise, une faucheuse à tambours nécessite davantage de puissance au démarrage mais maintient plus facilement sa rotation en fonctionnement grâce à l’inertie des tambours.

Il est à noter que le régime de rotation des tambours est beaucoup moins affecté par les variations du régime moteur du tracteur que les disques, de nouveau grâce à cette inertie. Cela signifie que le tracteur doit à tout moment disposer de la puissance nécessaire avec une faucheuse à disques afin d’en garantir le régime de rotation et donc la propreté de la coupe.

Coût de fonctionnement

Quant aux coûts de fonctionnement, ils sont relativement comparables pour des machines de dimensions équivalentes. Les principales pièces d’usure sont, d’une part, les patins qui sont plus nombreux mais moins chers sur une faucheuse à disques et, d’autre part, les couteaux, eux aussi plus nombreux mais moins vite usés sur ce type de matériel.

Par contre, en cas de choc, le risque de dommages sévères et coûteux au niveau de la transmission est plus important avec des tambours, surtout si un corps étranger parvient à se coincer entre ces derniers. Ce risque est également présent sur les faucheuses à disques avec transmission finale par arbres et couples coniques en lieu et place de la traditionnelle cascade de pignons, même si la probabilité que survienne ce type d’incident est plus faible.

Si l’on opte pour un conditionneur

Enfin, il reste une question essentielle à se poser : la faucheuse sera-t-elle munie d’un conditionneur ? Si tel est le cas, il est préférable d’opter pour une faucheuse à disques.

Un conditionneur demande en effet à être alimenté uniformément et régulièrement sur toute sa largeur pour être pleinement exploité. Ceci est possible avec des disques, et moins avec des tambours qui canalisent de gros volumes de matière.

Outre un conditionnement moins bien réalisé, l’utilisation d’un conditionneur avec une faucheuse à tambours peut causer des contraintes importantes au niveau de la mécanique de la faucheuse.

Portée ou traînée ?

Le marché des machines traînées a connu un essor certain il y a plusieurs années, en raison notamment de l’efficacité de la suspension du groupe faucheur et de la résistance globale de ce type d’équipement.

Modèles traînés : à envisager en CUMA

Cependant, aujourd’hui, ce marché s’est totalement effondré, avec seulement une douzaine de machines vendues annuellement. Il existe plusieurs explications à ce déclin : ainsi, l’évolution des systèmes de suspension ou encore l’apparition des systèmes pendulaires sur les faucheuses portées a permis à celles-ci de concurrencer les modèles traînés. Le châssis routier de ces derniers entraîne un surcoût conséquent à l’achat pour des performances dorénavant équivalentes. Ceci sans oublier une maniabilité moindre et des problèmes de chevauchements ou de manques dans les courbes lorsqu’une faucheuse traînée est combinée à une faucheuse frontale.

La largeur de travail des faucheuses traînées est également limitée par le gabarit routier de la machine qui ne peut excéder 3,50 m. Les machines traînées de grande largeur doivent être munies d’un dispositif de pivotement du corps de fauche pour le transport, occasionnant un coût supplémentaire.

Il subsiste toutefois quelques situations dans lesquelles un matériel traîné peut revêtir un intérêt : c’est le cas par exemple de CUMA lorsque la faucheuse passe fréquemment d’un tracteur à un autre. Les opérations d’attelage/dételage sont en effet plus simples et plus rapides, de même qu’il n’est pas nécessaire d’ajuster le lestage des différents tracteurs en fonction du poids de la faucheuse (surtout si elle est équipée d’un conditionneur).

Une faucheuse traînée peut disposer d’un timon latéral, avec lequel la machine ne se déporte que d’un seul côté du tracteur, ou central, autorisant le déport tant à gauche qu’à droite. Ce dernier, par son point d’articulation central sur le châssis, se révèle souvent plus réactif aux changements de direction.

Modèles portés : à repliage vertical ou horizontal ?

Concernant les versions portées, deux types de repliage sont disponibles : vertical ou horizontal.

Le repliage vertical permet de limiter le porte-à-faux derrière le tracteur et de rapprocher le centre de gravité de celui-ci. Il peut s’agir d’un repliage selon un angle de 90º ou un angle supérieur (ex : 115º).

Le repliage vertical n’est pas envisageable pour les lamiers les plus larges car la hauteur au transport ne peut dépasser 4 m. La visibilité, vers l’arrière ou sur les feux de signalisation du tracteur, peut être fortement entravée. Pour pallier à ces inconvénients, certains modèles sont pourvus d’un repliage ne masquant pas la vue par les rétroviseurs et possédant leurs propres feux de signalisation.

Si ces défauts sont moins présents sur les versions à repliage horizontal, il est indispensable sur ces dernières de disposer d’un système de blocage de l’articulation pendulaire pour stabiliser le groupe faucheur lors des déplacements routiers. L’un des inconvénients du repliage horizontal est que la faucheuse occupe davantage d’espace lors du remisage hivernal.

À suivre.

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