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L’image de l’agriculture en 2018?: moderne, liée au terroir... mais difficile!

En 2001, l'Agence wallonne pour la Promotion d'une Agriculture de Qualité (Apaq-W) présentait une enquête évaluant l’image de l’agriculture auprès des consommateurs. 16 ans plus tard, elle remet le couvert afin d’en déterminer l’évolution.

Temps de lecture : 5 min

P our ce faire, une enquête identique a été mené en collaboration avec la société Dedicated, auprès de 1.400 citoyens de 15 à 75 ans, wallons, flamands et bruxellois. En janvier 2018, ceux-ci ont été interrogés sur les rôles de l'agriculture, ses évolutions, les opinions sur les agriculteurs, l'image générale de l'agriculture, les produits agricoles et les achats chez les producteurs locaux. Les résultats ont été présentés ce mardi 12 juin, en présence du Ministre wallon de l'Agriculture, René Collin, à la Ferme du Château à Bois-Seigneur Isaac chez la famille Pussemier.

«Comme en 2001, cette enquête avait pour but de mesurer le regard porté sur l’agriculture mais aussi d’identifier un changement éventuel de perception. Ces chiffres et résultats sont de bons outils d’aides à la décision quant aux choix à poser et à l’attitude à adopter vis-à-vis des consommateurs», introduit René Collin avant de céder la parole a Marc Dumoulin de Dedicated.

Modernité et terroir mis en avant

Pour commencer, Marc Dumoulin souligne quand même une différence d’importance accordée à l’agriculture selon la tranche d’âge approchée: «Les évaluations des moins de 35 ans étaient en générale moins bonnes alors celles des plus de 55 ans étaient très positives». Aucune réelle différence n’était par contre à noter entre les populations rurale et urbaine, ou wallonne et flamande, si ce n’est un regain d’enthousiasme du coté wallon.

De manière générale, le citoyen percoit l’agriculture comme moderne et ancrée dans la production alimentaire. «L’image est positive mais le citoyen se dit quand même que tout n’est pas si facile», précise Marc Dumoulin. En Wallonie, l’agriculture se caractérise davantage par une dimension de terroir (49%) et de modernité (59%) , tandis que les technologies modernes (59%) et pratiques intensives et/ou industrielles (46%) caractérisent davantage l'agriculture flamande.

Les apports de l'agriculture flamande et wallonne sur l'image de la Belgique à l'étranger débouchent sur des opinions identiques: 36% pensent que les deux agricultures régionales donnent une bonne image du pays.

L’agriculture n’est pas source d’emploi

Parmi les rôles de l’agriculture suggérés aux répondants, trois dimensions dominent: elle est une source d’alimentation (77 %), elle a une influence sur l’économie (66 %) et l’autonomie du pays (65 %). Son influence est par contre moins ressentie au niveau de la création d’emplois (39 %) et son apport dans le tourisme et les loisirs (44 %). «La contribution de l’agriculture belge dans ces deux domaines est pourtant importante. La population belge est tellement habituée à son agriculture qu’elle n’y fait plus attention. Je suis convaincu que pour un public extérieur, elle est un élément d’attractivité essentiel», commente René Collin.

Au cours des 5 prochaines années, on pense que les jeunes ne seront plus à même de reprendre la ferme de leurs parents (51%). «Même si c’est taux élévé, c’est quand même moins que ce qu’avait montré l’enquête de 2001, on peut s’en réjouir», dit le ministre wallon de l’agriculture.

On estime aussi que l'agriculture sera plus respectueuse de l'environnement (48%) et que de nouveaux fruits et légumes seront créés (48%). De façon générale, si la dimension qualitative de l'agriculture sur l'alimentation est valorisée, les opinions sont généralement peu favorables au niveau de sa dimension économique.

L’agriculteur est courageux mais malheureux

L'image des agriculteurs est positive. Ils sont considérés comme travailleurs, courageux (80%) et faisant bien leur travail (55%). Le public ne les estiment par contre pas heueux. Les opinions sur la pénibilité du métier dominent : ils exercent une activité qui évoque de nombreuses difficultés (69%) et les jeunes ont beaucoup de problèmes pour débuter (74%).

Des produits savoureux, sains et identifiables

La perception d'un produit agricole repose sur quelques caractéristiques dominantes: être issu de la terre (74%), avoir été produit à la ferme (70%), provenir de certaines catégories d'élevage (bovin et porcin pour 66%).

Et les opinions suscitées par ces produits débouchent sur des attentes importantes à satisfaire: la dimension saine (78%), le goût (77%), l'aspect appétissant (71%), le traitement naturel sans additifs chimiques (71%), l'origine précise et identifiable (71%). Les produits agricoles wallons répondent assez bien à ces attentes de base puisque 59% de l'échantillon pensent que ces produits ont du parfum, de la saveur, 58% qu'ils sont appétissants et sains, et 57% estiment que leur origine est précise, identifiable.

Plus attirés par le produit local que le label

Les labels agissent comme des facteurs rassurants, une garantie de qualité, même si on trouve qu'il y en a trop et qu'on ne s'y retrouve pas toujours.

69% valorisent le fait de connaître la région d'origine d'un produit agricole et 62% déclarent préférer des produits achetés dans leur propre région. Ainsi, un produit du terroir certifié suscite des préférences nettement plus marquées (60%) qu'un label de qualité wallon ou que la mention «Produit agricole wallon».

Plus de visibilité et de magasins pour les produits locaux

Sans grande surprise, les grandes surfaces (79%) sont les canaux les plus fréquentés pour la réalisation des achats alimentaires. Mais celles-ci se voient talonnées par les commerces de proximité (épicerie, boulangerie, boucherie...) qui représentent à eux seuls 68% au niveau belge (64% au niveau wallon). Suivis de près par les marchés traditionnels (54% au niveau belge et 55% au niveau wallon). Enfin, et cela conforte la tendance actuelle, l'achat chez les producteurs locaux exerce une importance considérable et plus qu'encourageante. 39% des répondants déclarent acheter des produits alimentaires directement chez des producteurs locaux (magasin à la ferme...). Et cette proportion grimpe à 49% au sein des répondants wallons. 31% des Belges se rendent régulièrement dans des marchés spécialisés de produits locaux (marchés fermiers, marchés bio...) et 28% dans des magasins bio.

Les critères susceptibles de justifier des achats plus nombreux de produits locaux sont une meilleure visibilité dans les magasins (67%), un nombre plus élevé de magasins (67%) et des prix plus accessibles (65%). Une large majorité des répondants (78%) n'est par ailleurs pas prête à accomplir une distance de plus de 10 km pour s'approvisionner en produits locaux.

Parmi les critères suggérés aux répondants susceptibles d’avoir de l’importance lors de leurs achats de produits alimentaires, les trois premiers critères fortement valorisés sont des produits:de saison (43% ), issus de circuits courts (39%), respectueux de l’environnement/du développement durable (38%). L’importance attribuée à ces trois principaux critères est sensiblement plus élevée en Wallonie qu’en Flandre,

Valeurs communes

L'Apaq-W se réjouit que le consommateur adhère ainsi aux valeurs qu’elle défend, c’est-à-dire la consommation de produits locaux au bénéfice du développement durable; la proximité et les circuits courts comme gages de confiance et de satisfaction des consommateurs; et la rentabilité et l’équité à la portée des producteurs.

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