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En escourgeon, bien identifier les menaces autour d’un stade clé: la dernière feuille

Vu le risque notable de maladies foliaires en fin de végétation, un traitement fongicide systématique actif sur l'ensemble de celles-ci demeure la mesure de base. A effectuer dès que l'ensemble du feuillage est déployé.

Temps de lecture : 6 min

L a volatilité des prix ne facilite pas les prises de décision en matière de protection fongicide de l’escourgeon qui n’est pas coté sur Euronext, et dont il est difficile d’estimer le prix avant la récolte.

Protection fongicide

Le traitement de montaison: jamais systématique

Il ne faut jamais traiter systématiquement à ce stade et aller observer l’état sanitaire de la culture dans chaque parcelle. Les critères de décision sont cependant difficiles. Des maladies sont en effet presque toujours détectables en début de montaison et leur progression sur le feuillage supérieur est difficile à prédire. Suivant les maladies qui se développent en fin de saison, le fractionnement en deux de l’investissement en fongicides peut parfois conduire à des résultats en retrait par rapport aux traitements uniques.

Le traitement de montaison ne doit donc être appliqué qu’en cas de présence significative de maladies sur les trois derniers étages foliaires sortis et suivant les avis Cadco. Ce devrait être le cas pour les variétés les plus sensibles. Il faut empêcher que ces maladies s’installent sur les deux dernières feuilles. Si le développement des plantes est rapide durant cette période et que le délai avec un second traitement est réduit, la rémanence n’est pas primordiale.

Pour alterner les substances actives, on privilégiera à ce stade un fongicide à base de triazole ou de cyprodinil voire une strobilurine en mélange à une triazole. En présence faible de maladies et/ou de marché défavorable, on pourrait se contenter d’une dose réduite de fongicide à ce stade.

Le traitement de dernière feuille : impératf

Compte tenu du risque élevé de développement de rhynchosporiose, d’helminthosporiose, de ramulariose, de rouille et d’oïdium en fin de végétation, un traitement fongicide actif sur l'ensemble des maladies doit être systématiquement effectué dès que l'ensemble du feuillage est déployé.

Connaître les pathogènes et cibler les plus importants

La rhynchosporiose

La rhynchosporiose est très souvent présente sur les feuilles les plus anciennes à la sortie de l’hiver. Le repiquage de la maladie sur les feuilles supérieures sera d’autant plus efficace durant la montaison que l’inoculum est abondant et que les conditions climatiques sont fraîches et humides. Ce n’est que lorsque la maladie parvient sur le feuillage supérieur que les dégâts peuvent être significatifs.

Les variétés présentent des sensibilités assez contrastées vis-à-vis de cette maladie, mais aucune n’est totalement résistante.

La pression de rhynchosporiose observée dans les champs doit être interprétée principalement en fonction de la variété et des conditions climatiques. A partir du stade 1er nœud, une intervention peut être nécessaire sur les variétés les plus sensibles. Dans ce cas, un traitement relais doit être envisagé 3 à maximum 4 semaines plus tard. Lorsque la maladie est peu développée au début de la montaison ou que les conditions climatiques sont défavorables au repiquage de la maladie, le contrôle de la rhynchosporiose peut être obtenu par un seul traitement fongicide. Celui-ci est alors réalisé lorsque la dernière feuille est complètement développée.

Le contrôle de cette maladie repose principalement en montaison sur le cyprodinil ainsi que sur des triazoles : prothioconazole >> époxiconazole ≥ autres triazoles. Avec les SDHI, il devient possible d’utiliser les strobilurines en montaison, tout en respectant l’alternance des produits.

Au stade 39, les associations triazole - SDHI et/ou strobilurine sont les plus efficaces.

L’helminthosporiose

L’helminthosporiose est favorisée par des températures plus élevées que la rhynchosporiose. Son développement sur le feuillage supérieur est de ce fait généralement plus tardif. Les variétés présentent des sensibilités assez contrastées vis-à-vis de cette maladie. Sur les variétés sensibles,cette maladie est généralement très bien contrôlée par une application de fongicide réalisée au stade dernière feuille.

L’helminthosporiose est principalement contrôlée par les SDHI et leur mélange avec les strobilurines et par les strobilurines en mélange avec une triazole. Parmi les triazoles, le prothioconazole se démarque positivement. Ce dernier associé au bixafen est encore plus performant. Le fluxapyroxad associé à l’epoxiconazole et la pyraclostrobine constitue aussi une bonne solution.

Depuis quelques années, des souches d’helminthosporiose résistantes aux strobilurines ont été détectées dans plusieurs pays touchés par la maladie. Le gène concerné induirait une résistance moins forte que celle observée avec la septoriose en froment. Des pertes d’efficacité peuvent cependant être observées.

La rouille naine et l’oïdium

Ces deux maladies sont très fréquemment observées en fin de saison dans l’escourgeon. Elles peuvent y causer des pertes de rendement sensibles, c’est pourquoi elles justifient qu’un traitement fongicide soit effectué systématiquement au stade dernière feuille. Ce sont les mélanges triazole-strobilurine et triazole-SDHI qui donnent les meilleurs résultats.

Les profils du sol étant généralement assez riches en azote, ce printemps,  il convient de suivre de près l’évolution de l’oïdium.
Les profils du sol étant généralement assez riches en azote, ce printemps, il convient de suivre de près l’évolution de l’oïdium. - M. de N.

Grillures et ramulariose

Depuis le début des années 2000, des « brunissements » se développent régulièrement et de manière très importante dans les escourgeons. Des « grillures » polliniques, des ‘taches physiologiques’ aussi appelées ‘taches léopard’ et de la ramulariose. En 2006, cette dernière maladie a de fait été pour la première fois formellement identifiée un peu partout en Belgique, en toute fin de saison.

La ramulariose tend à se généraliser dans les pays voisins depuis quelques années. En Belgique aussi, elle se manifeste de plus en plus régulièrement. Elle forme de petites taches de 2 à 5 mm de long qui suivent les nervures et sont visibles sur les 2 faces de la feuille. Il n’est pas facile de la distinguer des grillures polliniques, si ce n’est qu’elle provoque rapidement une sénescence des feuilles. La ramulariose est toujours impressionnante visuellement et son impact sur le rendement semble varier assez fortement en fonction de la précocité de son développement. Les symptômes apparaissent généralement de manière très soudaine à un moment qui varie de l’épiaison à la maturation de la céréale.

L’utilisation des SDHI, du prothioconazole et/ou de chlorothalonil en association à 500 g/ha lors du traitement effectué à la dernière feuille permet de bien contrôler le développement de la ramulariose. Cette maladie est résistante aux strobilurines.

L’efficacité du prothioconazole dépendra de sa concentration dans la bouillie. Réduire la dose de SDHI limite sa rémanence.

Le chlorothalonil donne, quant à lui, les résultats d’efficacité les plus impressionnants sur ramulariose depuis ces dernières années.

Comme on ne peut prédire le développement de cette maladie, l’utilisation systématique de chlorothalonil en mélange avec un autre produit (triazole, SDHI et/ou strobilurine) peut être envisagée au moment du traitement à la dernière feuille.

D’après Le Livre blanc des céréales

, février 2017

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