Destruction des cipans, SIE, couvertures sur les parcelles en pente: un compromis entre les dates réglementaires,les objectifs agronomiques et la météo

Cultures intermédiaires pièges à nitrate, surfaces d’intérêt écologique, parcelles en pente… Quelles sont les différences à prendre en compte quant à leur destruction ? Retour sur quelques conseils agronomiques et rappel des dates réglementaires en fonction de la « nature » de la couverture hivernale.

Plusieurs réglementations

Trois réglementations encadrent le mode et le calendrier de destruction des couvertures hivernales. Il s’agit du Programme de gestion durable de l’azote (PGA), du Verdissement – SIE, et de la Conditionnalité.

Les techniques de destruction doivent être adaptées à la sensibilité des espèces et aux conditions météorologiques du moment.

Réalisée dans de bonnes conditions, cette destruction contribue à garantir la décomposition des résidus et à éviter les problèmes de ressuyage au printemps.

Le stade de développement du couvert au moment de sa destruction déterminera son effet « engrais vert » en faveur de la culture suivante.

Stade de destruction et effet engrais vert… du couvert

La couverture hivernale, en se décomposant, libère de l’azote qui sera alors disponible pour la culture suivante. Le bénéfice attendu pour celle-ci (l’effet engrais vert), dépend du rapport carbone/azote (C/N) du couvert enfoui et de sa biomasse. Un couvert détruit « vert » et/ou un mélange contenant des légumineuses se décompose plus rapidement qu’un couvert lignifié. Dans le cas de la moutarde fortement lignifiée par exemple, la décomposition peut même induire une faim d’azote. Si le rapport C/N du couvert enfoui est favorable, on observe que plus la biomasse est abondante au moment de la destruction, plus l’effet engrais vert est puissant ( tableau 1 ).

Au moment où commence la période de destruction autorisée par le calendrier réglementaire, il est donc parfois intéressant, si les conditions climatiques sont toujours favorables au développement du couvert, de le laisser en place pour maximiser son intérêt agronomique. On valorise ainsi d’autant mieux l’investissement réalisé.

Le travail de destruction des couverts peut être planifié en commençant par les parcelles semées plus tôt et/ou qui présentent une bonne biomasse : l’objectif est d’atteindre 2 à 3 t de MS/ha (ou un minimum de 1,5 t) ; cela représente au minimum une végétation atteignant la hauteur du genou.

Techniques de destruction

Les techniques sont d’ordre climatique (gel), mécanique (labour, travail du sol, broyage, roulage, hersage) ou chimique (herbicide). Le tableau 2 présente les principaux avantages et inconvénients de ces méthodes ainsi que les espèces les mieux adaptées pour chacune d’elles. Dans le cas de mélanges, le mode de destruction sera choisi en fonction de l’espèce la plus difficile à détruire.

En période hivernale, ce sont les conditions de portance des sols qui constituent le principal facteur limitant. Pour s’affranchir de cette contrainte, on peut choisir d’implanter des espèces plus sensibles au froid. Un couvert est, par ailleurs, d’autant plus sensible au gel qu’il est bien développé ou en fin de cycle. Pour renforcer l’action du froid, certains agriculteurs effectuent un passage avec un outil, là où la portance le permet ou sur sol gelé. Rouleaux, broyeurs, outils à disques, semoir « type rapide » blessent plus ou moins fortement le couvert et brisent des tiges. Cette action est favorable à la décomposition de la biomasse.

De manière générale, en cas de destruction mécanique, il est préférable d’enfouir superficiellement le couvert pour favoriser sa décomposition.

Enfin, la destruction chimique est une possibilité, mais elle est strictement réglementée pour les SIE (voir ci-après).

Calendriers réglementaires

En fonction de la nature de la couverture hivernale, une série d’obligations sont d’application.

Couvert PGDA

Si le couvert est exclusivement destiné à satisfaire aux exigences du Programme de gestion durable de l’azote (90 % de couverture en zone vulnérable ou après épandage de matière organique en été), il peut être détruit à partir du 15 novembre. Sa destruction peut se faire naturellement, mécaniquement ou chimiquement.

Couvert SIE

Si le couvert est uniquement utilisé pour satisfaire aux exigences du Verdissement de la Politique agricole commune, le couvert peut être détruit 3 mois après l’implantation. La destruction peut se faire de manière naturelle ou mécanique. La destruction chimique est uniquement autorisée à partir du 16 février.

Couvert sur parcelle en pente R10-R15

À partir du moment où un couvert se trouve sur une parcelle en pente de plus de 10 %, il ne peut pas être détruit avant le 1er janvier.

Dans le cas où plusieurs législations s’appliquent, il faut respecter les obligations les plus strictes. Un agriculteur qui sème ses CIPAN déclarées en SIE le 1er septembre, par exemple (voir figure), doit attendre le 1er décembre pour les détruire, afin de respecter les 3 mois d’implantation alors que le PGDA autorise la destruction à partir du 15 novembre.

Plus d’infos

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