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Cepicop - actualité - céréales: fumure azotée, désherbage et surveillance des pucerons

L’heure est à la première application d’engrais azoté dans les champs de froment suffisamment ressuyés. Du côté de la jaunisse nanisante de l’orge, la vigilance est de mise et peut imposer localement une intervention.

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Le stade de développement des céréales varie en fonction de l’espèce et de la date de semis.

–· les escourgeons semés fin septembre, début octobre sont au stade fin tallage ;

–· les froments de mi-octobre sont au stade fin tallage ; les semis de mi-novembre sont au stade mi-tallage ;

Compte tenu des bonnes conditions automnales, la plupart des emblavements sont réguliers et en bon état.

Fumure azotée

Les analyses de reliquats d’azotés réalisées en janvier et février indiquent en moyenne en froment une valeur normale (49 kg N/ha sur 90 cm de profondeur). La variabilité de ces données est exceptionnelle, allant du simple au quadruple. Ceci est dû à la variabilité importante des rendements des principales cultures semées au printemps et aux différences de potentiel de minéralisation en fin d’été et durant l’automne en fonction des niveaux de restitution en matière organique entre parcelles et ou exploitations. En raison de la grande variabilité des disponibilités en azote du sol, il faudra tenir des correctifs liés aux précédents culturaux, par exemple avec des précédents plus riches comme les précédents de légumineuses et de pomme de terre. De plus, chaque parcelle possède ces propres caractéristiques qui influencera la fumure à réaliser afin d’éviter les sur-fumures synonymes de risques accrus de maladies et de verse et aussi de gaspillages.

Si vos champs sont déjà assez ressuyés alors la première application d’engrais peut être effectuée pour les semis de froment.

Pour les semis de froment-pois, les stades de développement pour l’application de la première fumure (40 kg/ha à appliquer au stade tallage-redressement) ne sont pas encore atteints.

Désherbage et azote dans les escourgeons

Suite aux conditions clémentes de l’hiver, les adventices se sont développées de façon importante. Si votre semis était précoce et si vous n’avez pas eu l’occasion de désherber avant l’hiver, le conseil est de ne pas tarder dès queles terres seront accessibles et les conditions climatiques assez douces.

Vu l’évolution des conditions climatiques depuis une semaine, les terres commencent de nouveau à être accessibles. Cependant, l’accessibilité peut différer fortement d’une situation à l’autre.

Le schéma classique de fertilisation azotée en escourgeon est divisé en 3 fractions. Dans certaines situations, une impasse de la fraction tallage est possible :

– dans les parcelles à bonne minéralisation (en régions limoneuse et sablo-limoneuse) ;

– dans des cultures très denses en sortie d’hiver ;

– dans les parcelles où la culture est plus précoce et proche du redressement à la sortie de l’hiver ;

– lorsque les conditions climatiques sont particulièrement favorables.

Si vous ne vous trouvez pas dans une de ces situations, notre conseil est d’apporter la première fraction d’azote (tallage) dès que vous en aurez la possibilité.

La réponse des variétés lignées et hybrides diffère, le fractionnement doit se raisonner en fonction du type de variété.

La vigilance est de mise du côté de la jaunisse nanisante de l’orge et peut imposer localement une intervention.
La vigilance est de mise du côté de la jaunisse nanisante de l’orge et peut imposer localement une intervention.

Avoine de printemps

Le dicton dit « L’avoine de février remplit le grenier ». Malheureusement en 2020, les conditions ne nous ont pas permis de semer les avoines en février. Les semis peuvent s’effectuer jusque mi-avril mais les semis précoces en avoine donnent en général de meilleurs résultats. Le conseil est d’attendre que les terres soient bien ressuyées avant de semer afin d’avoir une implantation optimale.

Au niveau de la densité de semis, l’avoine se sème entre 200 et 250 gr/m² dans les bons sols. Par contre dans les sols plus lourds et en région froide, il est conseillé d’augmenter la densité de semis à 400 gr/m².

Orge de printemps

Nous sommes dans la période optimale des semis d’orge de printemps, il est donc conseillé de semer dès que les sols seront bien ressuyés. La densité recommandée est de 200 à 250 gr/m². Il ne faut pas hésiter à rouler le semis, surtout si la préparation du sol ou la levée ne semblent pas satisfaisantes.

Jaunisse nanisante de l’orge: attention aux pucerons

Les pucerons ont pu survivre dans les céréales. Il faut distinguer 4 situations :

–  variétés d’escourgeon tolérantes à la JNO  : même en cas de fortes populations de pucerons actuellement, aucun traitement insecticide n’est requis ;

–  semis escourgeon ou froment avant le 15 novembre et traités (ou re-traités) à l’insecticide après le 1er novembre  : ces semis ont levé assez tôt pour être infestés par les pucerons, mais en ont été débarrassés suffisamment tard pour ne plus être recolonisés après le(s) traitement(s). Ces parcelles sont exemptes de pucerons et ne demandent aucun traitement actuellement ;

–  semis d’escourgeon ou de froment avant le 15 novembre et non traités, ou bien traités avant le 1er novembre  : ces semis ont levé assez tôt pour être infestés par les pucerons et, soit n’en ont pas été débarrassés du tout, soit en ont été débarrassés trop tôt et risquent d’avoir été recolonisés après le traitement. Ces champs doivent être scrupuleusement observés. Si des pucerons s’y trouvent encore, même en faible nombre, le risque de dispersion très rapide de la jaunisse nanisante au printemps est réel ;

–  semis escourgeon ou froment après le 15 novembre  : ces semis, dont la levée a eu lieu après la fin des vols de pucerons, sont toujours exempts de pucerons et ne nécessitent aucun traitement.

La présentation de ces quatre situations est évidemment schématique. Il est particulièrement important d’aller vérifier les parcelles qui se trouvent dans des situations intermédiaires. Le message unique est que, si l’on trouve des pucerons vivants actuellement dans une emblavure, cette dernière est menacée par la jaunisse nanisante qui s’étend très rapidement après l’hiver. C’est vrai pour toutes les céréales qui ne sont pas tolérantes. Le traitement peut se faire dès à présent, là où la portance des terres permet de passer sans provoquer de dégât.

Pour l’estimation des populations de pucerons en céréales, il convient de prélever au transplantoir une centaine de plantules, examiner toutes les feuilles et surtout la base des talles (bien dégager la terre au bas des plantes).

Reliquats en sortie d’hiver

Protecteau a mis en ligne les reliquats moyens 2020 observés en Wallonie pour les céréales en place et le colza : https://protecteau.be/fr/nitrate/agriculteurs/fertilisation-raisonnee/re.... La base de données est alimentée régulièrement. Rendez-vous donc sur www.protecteau.be pour consulter les résultats de votre région.

Ces reliquats moyens peuvent être injectés dans le « module Ferti » qui permet de calculer le complément minéral à apporter à la culture. Ce module gratuit prend en compte les caractéristiques de sol, l’historique de la parcelle et l’objectif de rendement.

Les valeurs du module RSH de Protect’eau proviennent de plusieurs centaines d’analyses réalisées par les laboratoires provinciaux et de résultats d’analyses partagés par d’autres organismes partenaires du projet (ULg-GxABT, UCLouvain, Raffinerie tirlemontoise, Station d’analyses agricoles de la Province de Liège, …). Infos: Protect’eau 081 62 73 13

M. De Proft et G. Jacquemin

, coordination scientifique ravageurs  ;

B. Bodson et R. Blanchard

, phytotechnie  ;

X. Bertel

, coordination Cepicop

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