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Les traitements printaniers contre les graminées en céréales d’hiver

Les céréaliers qui ont pu traiter entre les gouttes l’automne dernier devront vérifier l’efficacité des – rares – traitements effectués sur escourgeons et froments semés précocement et, le cas échéant, réaliser un traitement de rattrapage adapté. Il conviendra également de choisir un traitement pour la majorité des escourgeons et froments, non encore traités.

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E n cette sortie d’hiver ou plutôt de peudo-hiver, les conditions climatiques redeviennent propices au développement de la culture mais aussi à celui des mauvaises herbes en favorisant leur développement ou en provoquant de nouvelles germinations. Le choix du traitement doit être raisonné pour chaque parcelle en fonction de la flore adventice rencontrée. Les espèces présentes déterminent les substances actives à utiliser alors que le niveau d’infestation et le stade de développement modulent les doses à appliquer .

Il est indispensable que la céréale ait atteint un stade de développement suffisant pour éviter tout effet phytotoxique. Cela suppose qu’elle ait bien supporté l’hiver, sans déchaussement et qu’elle soit en bon état sanitaire. Le froment doit avoir atteint le stade début tallage (BBCH 21) : l a première talle doit être vi sible !

Six substances actives contre les graminées en épeautre, froment, seigle et triticale

Les céréales sont des graminées au même titre que le vulpin, le jouet du vent, la folle avoine, le ray-grass, le chiendent, etc. Logiquement, il est malaisé d’épargner les plantes cultivées et de détruire les mauvaises herbes quand les unes et les autres sont botaniquement proches. C’est pourquoi, la lutte contre les graminées reste le problème majeur du désherbage des céréales. Les antigraminées de dernière génération sont d’ailleurs presque systématiquement associés à un phytoprotecteur (ou safener). Ces produits permettent à la céréale de métaboliser l’herbicide qui, sans cela, pourrait s’avérer phytotoxique.

Le chlortoluron, la propoxycarbazone, le mesosulfuron, le fenoxaprop, le pinoxaden et le pyroxsulam sont les 6 principales substances actives efficaces utilisables au printemps contre les graminées, avec un spectre d’action qui leur est spécifique.
Le chlortoluron, la propoxycarbazone, le mesosulfuron, le fenoxaprop, le pinoxaden et le pyroxsulam sont les 6 principales substances actives efficaces utilisables au printemps contre les graminées, avec un spectre d’action qui leur est spécifique. - M. de N.

Il existe principalement 6 substances actives efficaces utilisables au printemps contre les graminées : le chlortoluron, la propoxycarbazone, le mesosulfuron, le fenoxaprop, le pinoxaden et le pyroxsulam. Le tableau ci-joint en décrit les principales caractéristiques. Ces molécules présentent un spectre antigraminées qui leur est propre (consulter les pages jaunes du Livre Blanc, février 2020). Le chlortoluron présente une efficacité intrinsèque vis-à-vis de certaines dicotylées et peut en outre être associé à une substance active antidicotylées en vue d’élargir le spectre, alors que le mesosulfuron est toujours associé à une autre molécule dans les produits commerciaux disponibles.

Si la flore adventice le nécessite, il faut veiller à compléter ces traitements avec un antidicotylées approprié.

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Comment choisir entre ces produits ?

Il faut tenir compte avant tout du stade de développement des graminées adventices. Si toutes les substances actives sont efficaces sur des vulpins faiblement développés, un manque d’efficacité du chlortoluron et de la propoxycarbazone est à craindre sur des vulpins plus développés.

Le chlortoluron

Le chlortoluron est actif contre les graminées et les dicotylées classiques. Il présente aussi une activité secondaire sur d’autres adventices au stade cotylédonaire. De ce fait, il permet d’éliminer une bonne part des adventices les plus gênantes. Il doit être appliqué sur une culture ayant atteint le stade tallage (25) et sur des mauvaises herbes peu développées. Il devra être complété ou corrigé ultérieurement, en fonction des espèces d’adventices rencontrées et de leur développement.

Si des graminées trop développées pour le chlortoluron sont présentes, il est possible de l’associer à un antigraminées spécifique (fenoxaprop ou pinoxaden, par exemple) ou à un herbicide principalement antidicotylées mais ayant une action complémentaire sur les graminées (pendimethaline, diflufenican…). Pour élargir le spectre sur dicotylées, les molécules ne manquent pas : hormones, sulfonylurées ou bien PPOIs.

Le propoxycarbazone

La propoxycarbazone, disponible dans l’Attribut, est efficace uniquement contre les graminées et les crucifères (capselle, sené, moutarde, tabouret des champs, repousses de colza…). Elle est particulièrement active sur le chiendent et les bromes. Du fait de son mode de pénétration principalement racinaire, elle peut agir tant en pré- qu’en postémergence des graminées. Toutefois, en postémergence (max. BBCH 25), la pénétration dans les adventices sera souvent meilleure et, avec elle, l’efficacité. Il sera éventuellement nécessaire de compléter ou de corriger ce traitement ultérieurement en présence de dicotylées. La propoxycarbazone est également disponible en association avec le mesosulfuron (voir ci-après) une substance active essentiellement antigraminées, dans le Sigma Flex.

Le mesosulfuron

À l’heure actuelle, le mesosulfuron est l’antigraminée procurant l’efficacité la plus intéressante, même sur des vulpins difficiles. Non disponible seul, il est associé à la propoxycarbazone dans le Sigma Flex, ce qui renforce son efficacité contre graminées. Comme il est peu efficace sur les dicotylées, il est associé à l’iodosulfuron dans le Sigma Maxx, ce qui élargit le spectre aux dicotylées classiques et renforce l’efficacité sur jouet du vent. L’Othello et le Kalenkoa combinent, selon des ratios différents, le mesosulfuron, l’iodosulfuron et le diflufenican, ce qui permet d’étendre le spectre antidicotylées aux VVL.

D’autres produits arrivés récemment sur le marché complètent la gamme. Le Sigma Plus (= Sigma Supra), en plus du mesosulfuron et de l’iodosulfuron, renferme de l’amidosulfuron, très efficace contre le gaillet. Grâce à l’intégration de la thiencarbazone dans le Sigma Star et l’Archipel Star, le spectre antidicotylées s’étend, notamment aux VVL. Tous ces produits incluant du mesosulfuron devront être pulvérisés en mélange avec 1 l/ha de produit à base d’huile de colza estérifiée. Le mesosulfuron doit être appliqué sur une culture ayant atteint le stade tallage (21) et, en dépit de sa composante racinaire, sur des adventices déjà levées.

Le fenoxaprop et le pinoxaden

Le fenoxaprop et le pinoxaden sont efficaces uniquement sur les graminées. Ils sont toujours associés à un phytoprotecteur qui aide la culture à détoxifier l’herbicide. Tout comme le mesosulfuron, ils sont capables de détruire des vulpins ayant atteint le stade redressement (30). En raison de leur mode de pénétration exclusivement foliaire, il ne faut les appliquer qu’en postémergence des adventices. En présence de dicotylées dans la parcelle, ce type de traitement devra obligatoirement être complété ou corrigé ultérieurement. Attention, le mélange de ces produits avec certains antidicotylées peut, par antagonisme, entraîner une baisse d’efficacité sur graminées.

Le pyroxsulam

Le pyroxsulam du Capri présente une efficacité contre vulpin et jouet du vent comparable à celle du mesosulfuron. Il contrôle en outre les véroniques, les pensées et d’autres dicotylées mais il est moins flexible. Son mode de pénétration est essentiellement foliaire. Il lui faudra donc attendre la présence des adventices pour être efficace. Toujours à pulvériser avec une huile, il peut être appliqué dès le stade début tallage (21). Il sera nécessaire de le compléter par un antidicotylées adapté en présence de camomille ou de gaillet.

Dans certains produits comme le Capri Twin, le Broadway et le Capri Duo, le florasulam est intégré directement, ce qui élargit le spectre aux camomille ou de gaillet, notamment. Le Rexade Trio combine le pyroxsulam, le florasulam et l’halauxifen, ce qui permet de renforcer l’action sur coquelicot, étendre le spectre aux lamiers et fumeterre. Attention toutefois que la dose d’emploi de ce produit ne permettra pas un contrôle suffisant des graminées.

D’après le Livre Blanc 2020

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