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Les escourgeons sous l’œil du Carah: la moisson 2020 livre son verdict

Des semis plus tardifs que d’ordinaire, beaucoup de pucerons en automne, un déficit hydrique, un manque de tallage, une forte insolation, une faible pression parasitaire… Au final, des rendements très variables selon les conditions pédo-climatiques.

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À l’automne 2019, les pluies continues n’ont laissé que peu de fenêtres météo pour semer les céréales. Une bonne partie de l’escourgeon a été implantée environ 15 jours plus tard que les années précédentes. Cet excès d’eau a pu pénaliser la levée et le développement de la culture, a fortiori en sol hydromorphe. La forte pluviométrie a également favorisé le lessivage de l’azote. Au final, les reliquats azotés étaient assez faibles au printemps. Cette période humide aura tout de même eu l’avantage d’alimenter les réserves en eau avant le printemps.

Olivier Mahieu, responsable de l’expérimentation au Carah: «Une grosse quarantaine de variétés d’escourgeon a été testée. Il est important de suivre et évaluer sur le terrain les progrès de la sélection.»
Olivier Mahieu, responsable de l’expérimentation au Carah: «Une grosse quarantaine de variétés d’escourgeon a été testée. Il est important de suivre et évaluer sur le terrain les progrès de la sélection.» - M. de N.

Un début de campagne 2019-2020 difficile dès le semis

Les conditions humides de cet automne ont également été favorables au désherbage chimique : lorsqu’ils ont pu être effectués, les désherbages d’automne ont montré une bonne efficacité mais parfois aussi des phénomènes de phytotoxicité parfois assez marqués sous forme de jaunissements et de tassement des cultures.

Concernant les ravageurs, les températures douces à l’automne et en hiver ont favorisé la prolifération des pucerons en Hainaut. Les conditions climatiques leur ont permis de s’installer dans les parcelles en automne. Ils ont nécessité une à deux applications d’insecticides.

Les températures douces en janvier et février ont accéléré le développement des plantes si bien qu’à la sortie de l’hiver, les orges avaient partiellement rattrapé leur retard. Le tallage s’est néanmoins montré inférieur à la moyenne, nettement en retrait en sols hydromorphes et pour les semis plus tardifs.

À partir de début mars et jusqu’à fin avril, très peu de pluies ont été enregistrées. Le stress hydrique a été important surtout en sols superficiels, parfois compensé par de petits épisodes de pluie.

La sécheresse durant la montaison a parfois pénalisé la densité d’épis de façon variable selon le type de sol. Cette sécheresse a aussi limité l’efficacité de la seconde fraction azotée, parfois réalisée dans le sec, accentuant le stress azoté induit par la sécheresse. Le retour des pluies en mai a été plus favorable aux apports de dernière feuille.

À ceci, il faut ajouter les quelques « coups de froid » printaniers qui ont pu provoquer des problèmes de stérilité d’épis sur les orges d’hiver.

Heureusement, les bons rayonnements durant la montaison et le remplissage, ainsi que le retour de quelques pluies en mai-juin ont permis de compenser le manque d’épis et de fertilité des épis.

Par la suite, les conditions de remplissage ont été favorables, avec à la clé de bons poids de mille grains.

En 2020, la pression maladie a été limitée. Au début du printemps, quelques maladies étaient présentes dans les parcelles, mais, du fait de la sécheresse qui a suivi, une bonne partie des maladies a été stoppée ou ralentie. En orge d’hiver, l’helminthosporiose, la rhynchosporiose et la ramulariose ont brillé par leur quasi-absence dans les essais. Par contre, la rouille naine est restée bien présente durant toute la saison.

Au final, les rendements affichent de grandes disparités selon les conditions pédo-climatiques. En effet, les sols plus superficiels, très impactés par le stress hydrique, accusent parfois de grosses pertes de rendement. C’est également parfois le cas pour les sols hydromorphes, saturés en eau durant l’hiver. Généralement, les meilleurs rendements ont été enregistrés dans les limons profonds à bon drainage.

Les variétés sous la loupe

En 2020, le Carah a comparé 44 variétés d’escourgeon sur 2 sites d’expérimentation à Ath et Mainvault. À Ath, les variétés ont été confrontées à trois types de protection : une protection à deux traitements, une protection à un seul traitement et en l’absence de traitement fongicide.

Parmi ces 44 variétés, se trouvaient :

– 12 variétés hybrides et 32 lignées ;

– 11 variétés tolérantes à la jaunisse nanisante de l’orge ;

– 6 variétés tolérantes au virus de la mosaïque de type 2.

Résultats 2020

Du point de vue des résultats en rendement, en tête du classement 2020, on notera le très bon comportement des hybrides tels que SY Galileoo (H), Jettoo (H), SY Baracooda (H) et Wootan (H).

Et parmi les nouveaux hybrides à suivre, on notera aussi les performances de SY Kingston (H), Toreroo (H) et SY Kingsbarn (H).

Parmi les lignées, ce sont les variétés SU Jule, Quadriga, LG Zebra, Verity, LG Zodiac, KWS Keeper, Jakubus et KWS William qui se sont montrées les plus performantes en 2020.

Et parmi les nouvelles lignées à suivre, ce sont les variétés Esprit, Dementiel, KWS Wallace et LG Zoro qui ont montré les meilleures performances en Hainaut en 2020.

Résultats pluriannuels

Du point de vue des résultats pluriannuels, les hybrides qui se montrent les plus performants sont les variétés SY Galileoo (H), SY Baracooda (H) et Smooth (H).

Pour ce qui est des lignées, on notera le bon comportement pluriannuel des variétés Jakubus, LG Zodiac, Verity, KWS Orbit, KWS William, Hedwig, SU Jule, LG Zappa, Rafaela, Quadriga et KWS Faro.

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V ariétés tolérantes à la jaunisse nanisante

Les variétés tolérantes à la jaunisse nanisante, testées dans les essais en 2020, étaient les suivantes : Coccinel, KWS Joyau, LG Zebra, LG Zodiac, LG Zoro, LG Zeta, LG Zenika, LG Zagora, Paradies, Perroella, Rafaela et Sensation.

Parmi celle-ci, LG Zodiac, Rafaela et LG Zebra restent les variétés les plus performantes en moyenne sur plusieurs années. Et parmi les nouveautés JNO, la variété LG Zoro a montré un bon comportement en 2020.

Variétés tolérantes au virus de la mosaïque de type 2

Les variétés tolérantes au virus de la mosaïque de type 2, testées dans les essais en 2020, étaient les suivantes : Hedwig, KWS Keeper, LG Zappa, LG Zenika, SU Laurielle et Sensation.

Malgré le comportement décevant de ces variétés en 2020, Hedwig et LG Zappa sont, dans cette catégorie, celles qui donnent les résultats pluriannuels les plus élevés. Les variétés tolérantes restent incontournables dans les parcelles ayant déjà montré des symptômes de la maladie.

Olivier Mahieu

, Carah

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