Au potager, prévenir vaut mieux que guérir!

La résistance de la variété est une méthode de lutte préventive très 
efficace. Mais celle-ci n'est pas toujours complète. Les champignons 
qui contournent la résistance se généralisent dans l'environnement 
et nous devons alors choisir, pour l'avenir, d'autres variétés 
de légumes mieux adaptées.
La résistance de la variété est une méthode de lutte préventive très efficace. Mais celle-ci n'est pas toujours complète. Les champignons qui contournent la résistance se généralisent dans l'environnement et nous devons alors choisir, pour l'avenir, d'autres variétés de légumes mieux adaptées.

En appliquant ces quelques principes, nous garderons des légumes sains et un potager exempt, ou presque, de maladie.

Rester actifs

Quand les conditions de sol et météorologique sont propices à une croissance active de la culture, les risques de maladies dites de faiblesse diminuent sensiblement.

Ce sera notamment le cas pour des champignons décomposeurs du sol. Si les plantes ne poussent pas bien parce qu’il fait trop froid, que le sol est gorgé d’eau ou compact, elles seront plus vite malades. Ce sera également le cas pour les carences minérales car les racines qui poussent peu explorent mal le sol.

Bouger

C’est le principe de la rotation. Nous semons les carottes en un endroit qui n’a pas été cultivé avec des carottes ou des légumes de la même famille depuis plusieurs années. C’est une manière simple et efficace de limiter les risques de transmissions de maladies par le sol.

Pour que l’efficacité de ce principe des rotations soit bonne, nous essayons d’avoir la rotation la plus longue possible : 6 ou 7 ans, c’est parfait ; 4 ans, c’est déjà bien.

Cela ne signifie pas que cultiver des salades au même endroit qu’il y a deux ans conduira inévitablement à un échec. Mais les risques sont plus élevés au point que c’est déconseillé. C’est vrai pour des maladies transmises par le sol et aussi pour des ravageurs qui y vivent.

S’aérer

Quand les plantes sont bien aérées, elles sèchent beaucoup plus vite de la rosée du matin ou après une pluie. Le feuillage reste humide moins longtemps. Or, plusieurs maladies foliaires redoutables sont favorisées par de longues périodes d’humidité ou d’humectation du feuillage. Favoriser une bonne aération des plantes est donc « tout bénéfice » pour prévenir ou diminuer l’importance de plusieurs maladies foliaires importantes.

Les distances de plantations recommandées dans les revues de jardinage sont des données de références. Dans les jardins mal aérés, ceux dont la configuration des lieux entraîne un séchage de la rosée que tardivement dans la matinée, plantons à des écartements un peu supérieurs.

Avec la même logique, le jardinier arrosera en évitant de mouiller le feuillage. S’il ne sait pas faire autrement que de mouiller les plantes, il arrosera durant la période naturellement humide, pendant la rosée par exemple. Ainsi, il n’allonge pas la longueur de la période d’humidité du feuillage.

Le choix variétal et une très bonne aération des plantes sont des méthodes préventives qui permettent de retarder significativement l'extension  de la maladie.
Le choix variétal et une très bonne aération des plantes sont des méthodes préventives qui permettent de retarder significativement l'extension de la maladie.

Profiter de la lumière et du soleil

Certaines espèces de légumes sont plus sensibles que d’autres au manque ou à l’excès de lumière.

Un excès de lumière peut aller en parallèle avec un excès de température, et inversement. En pratique, cela se concrétise de différentes manières. Pour certaines espèces, cela peut être une sensibilité accrue à la montaison à graines. Pour d’autres, cela peut être une pommaison incomplète (salades, choux). Mais en dehors de situations particulières (beaucoup de clarté pour une variété adaptée à l’automne ou au début du printemps ou l’inverse en été), les plantes se développent mieux quand la luminosité est bien répartie sur la journée.

L’ombrage fort de longues heures de la journée à cause d’un arbre ou d’un bâtiment, par exemple, aura tendance à faire filer les plantes et à les rendre plus sensibles à des désordres de croissance.

Bien s’alimenter

Disposer dans le sol des éléments minéraux en quantités équilibrées est un des fondements d’une bonne santé du végétal.

Cela ne doit pas être fait chaque année, mais une analyse de terre réalisée dans un laboratoire spécialisé permet de connaître la situation actuelle et surtout de recevoir des conseils adaptés. Le site www.requasud.be/fr nous donne les adresses des laboratoires provinciaux spécialisés dans les analyses de sol.

Avoir une bonne hygiène

Pour le potager, une bonne hygiène signifie plusieurs actions.

Le jardinier surveille bien ses cultures pour détecter rapidement d’éventuels problèmes.

Les déchets de cultures sont compostés avec efficacité, c’est-à-dire avec une montée franche de la température grâce aux opérations de compostage (voir Le Sillon Belge du 9 décembre dernier).

Les déchets de plantes porteurs de maladies subiront le même sort avec une rigueur absolue. À défaut, ils seront écartés du potager.

Pour les cultures sensibles à des maladies transmises par le vent, nous semons ou plantons les différents lots en commençant par les plus précoces du côté où les vents dominants s’évacuent et en allant vers le sens de l’arrivée des vents dominants. En pratique, en Wallonie, les vents dominants viennent du sud-sud-ouest. Si nous plantons quatre variétés de pommes de terre dans le potager, nous installons la plus précoce, celle qui risque d’être la première à porter le mildiou, du côté nord-nord-est. Ainsi, les spores de mildiou produites sur la variété hâtive ne seront pas emmenées directement chez les variétés voisines, le vent se dirigeant dans l’autre sens.

Mais plus encore

Nous pouvons agir encore plus en prévention de maladies. Nous pouvons choisir les variétés les plus résistantes ou du moins les moins sensibles aux maladies principales de chez nous. Les catalogues des semenciers sont des références. Les pages de Le Sillon Belge ou d’autres revues spécialisées aussi.

Quand le jardinier constate que les méthodes préventives montrent leurs limites, quand il estime que le recours à des produits devient nécessaire, il devra suivre les recommandations reprises sur les emballages. Si un produit est destiné à être appliqué sur l’ensemble du feuillage, il devra préparer les bouillies avec soin, vérifier les calculs avec attention. Il devra se rappeler que 1 are équivaut à 100 m². Les bouillies sont bien mélangées dans la cuve du pulvérisateur et mélangées régulièrement pour éviter les dépôts. Elles seront appliquées sur toutes les feuilles de toutes les plantes concernées. Et rien que là !

F.

Quelques cas fréquents que vous pourriez rencontrer

Le mildiou de la tomate est une maladie provoquée par le même champignon que le mildiou de la pomme de terre. Il est favorisé par des températures situées entre 14 et 20°C, mais est aussi capable de se développer à des températures plus basses ou plus élevée. Il faut souvent surveiller la culture et enlever et évacuer le plus tôt  possible les premières feuilles  ou fruits atteints.
Le mildiou de la tomate est une maladie provoquée par le même champignon que le mildiou de la pomme de terre. Il est favorisé par des températures situées entre 14 et 20°C, mais est aussi capable de se développer à des températures plus basses ou plus élevée. Il faut souvent surveiller la culture et enlever et évacuer le plus tôt possible les premières feuilles ou fruits atteints.

Plusieurs maladies apparaissent fréquemment dans nos potagers, nous les abordons chaque fois que nous nous penchons sur un légume particulier. Celles-ci sont, la plupart du temps, favorisée par l’humidité. En aérant bien les plantes et le potager, nous rendons les conditions de multiplication de ces champignons moins favorables. Voici quelques maladies fréquentes chez nous.

Les mildious

En face supérieure des feuilles, des taches brunes ou ocre apparaissent. Sous ces taches, en face inférieure de la feuille, un duvet blanc est visible lors des périodes humides.

Les mildious sont provoqués par des champignons microscopiques dont les spores sont produites en conditions humides sur les feuilles porteuses de la maladie. Les spores sont ensuite dispersées par le vent.

Ce sont des champignons différents inféodés à chaque espèce ou groupes d’espèces voisines. La pomme de terre et la tomate, les oignons, les poireaux peuvent être attaqués par un des mildious.

Les oïdiums

Un feutrage blanc se développe en surface des feuilles. Celles-ci brunissent et se dessèchent. Les champignons se développent surtout par températures entre 10 et 20 ºC.

Les concombres, cornichons, courgettes et courges sont concernés par ses maladies.

Les rouilles

De petites taches arrondies, comme des pustules, de couleur vive (jaune, orange, brun) apparaissent en surface des feuilles. Une température proche de 20 ºC et une forte humidité relative sont favorables.

Le poireau peut être atteint, en automne ou à la reprise de la végétation au printemps.

La pourriture grise

Un feutrage dense de couleur grise se forme sur les parties aériennes des plantes, mais surtout sur les fruits.

La laitue, les courgettes sont sensibles. Le fraisier aussi. Les dégâts sont très importants lors de saisons très humides, comme au printemps 2016.

Les anthracnoses

Sur les feuilles, les fruits et les gousses apparaissent des taches brunes aux contours très nets. Une humidité importante et des températures entre 15 et 27 ºC est favorable à l’extension de ces maladies. Les fèves, les haricots, les concombres, les tomates les melons y sont sensibles.

F.

Le direct

Le direct