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La location de matériel pour accompagner les éleveurs dans l’évolution des pratiques de leur région

Avec 250 membres, une dizaine de machines agricoles en propriété, et diverses activités proposées, Le comice de Neufchâteau est l’un des plus grands de la Province de Luxembourg mais également l’un des plus dynamiques. Chaque année, près de la moitié de ses membres a recours à la location de matériel. Une solution qui permet d’en faire bénéficier le plus grand nombre en minimisant leurs frais. Rencontre avec Vincent Parache, le président, Michel Flamant, le vice président, et André Maljean, la cheville ouvrière, le secrétaire.

Temps de lecture : 6 min

Créé en 1859, le comice de Neufchâteau a pu fêter ses 160 ans l’année dernière. Sa taille actuelle, il la tient depuis 1976 lors de la fusion des communes, qui s’est accompagné du regroupement des comices. C’est alors que sont venus se greffer les structures de Léglise, Libramont-Chevigny et plus tard Saint-Hubert. Une intégration qui fut un grand bol d’air frais pour certaines associations qui vivotaient faute de membres actifs.

Répondre à une demande

Si de tous temps, les comices (créés sous le régime Napoléonien) proposaient des services tels que des achats groupés de semences…, ceux-ci étaient en perte de vitesse. « Les fermes s’agrandissaient, les pratiques se diversifiaient à tel point qu’il devenait difficile de proposer des achats communs», explique André Maljean, le secrétaire du comice.

C’est en 1995 que le comité se décide à investir, sur demande de plusieurs membres, dans deux faucheuses de refus.

Fort d’une première expérience réussie, le groupement fait l’acquisition cinq ans plus tard de deux rouleaux plombeurs de 5 tonnes, une tarière et un groupe électrogène. « Nous avons acheté notre première herse étrille en 2012, des déchaumeurs en 2014. » Viennent s’ajouter à la liste 3 Köckerling (deux de 5m ; un de 3m). Il y a trois ans, le comice a fait l’acquisition de deux Dal.bo, des rouleaux à céréales de 6m de travail. »

Si l’approche est semblable à celle d’une Cuma, le comice est une association de fait « Nous avons longtemps été considérés comme un groupement fourrager, mais nous n’en recevons plus les subsides. Nous n’avons d’ailleurs pas de numéro de producteur. Nous sommes régis par le règlement de la Région wallonne, et tous nos bénéfices sont réinjectés dans l’achat de machines», précise M. Maljean.

Chaque année le comice organise un concours prairie-épeautre pour aider leurs membres à améliorer leurs pratiques culturales.
Chaque année le comice organise un concours prairie-épeautre pour aider leurs membres à améliorer leurs pratiques culturales. - Pascal Pochet

Des achats qui accompagnent l’évolution des pratiques agricoles

Les achats de matériel ont accompagné le changement du visage agricole de la région ! « Il y a encore 15 ou 20 ans, nous n’avions que des herbages pour l’élevage, mais les agriculteurs se sont lancés petit à petit dans les céréales. Ils n’avaient alors pas tous les moyens d’investir dans du matériel coûteux et qui ne sert, pour certains, que quelques jours par an », dit-il.

« Le passage au bio a également joué un rôle dans le changement des habitudes culturales. Le succès de notre herse étrille vient de là : elle est un bon désherbant mécanique », admet le président.

Rigueur et bon sens

C’est la diversité des membres du comice qui guide les achats. « Il y a toujours des nouvelles machines qui entrent sur le marché, et il y a toujours des amateurs à leur acquisition », sourit Vincent. « Les achats sont mûrement réfléchis en comité afin que ceux-ci soient au bénéfice du plus grand nombre. Si intérêt il y a, carte blanche sera donnée à plusieurs membres du comité pour l’acquisition du matériel souhaité. »

Pour assurer un tel investissement, les coûts sont répercutés sur les prix de location. Sur les 250 membres, près de la moitié ont recours au service de location. Outre la cotisation annuelle de 10 euros, ils paient une location du matériel qui est fonction de la surface à travailler, du coût de la machine, des intérêts bancaires, et une charge annuelle en frais de d’entretien et en amortissement sur 5 ans. Le petit bénéfice que la structure en tire est intégralement réinvesti dans l’achat de nouvelles machines. La rigueur des responsables permet au comice de bien fonctionner. D’autant que nos trois interviewés doivent se porter garant des crédits en cours.

« Nous devons toujours avoir une certaine réserve d’argent pour faire face aux éventuels couacs. Certaines casses –liées à une mauvaise utilisation de la machine - sont payées par l’utilisateur, celles liées à l’usure sont couvertes par le prix de la location. »

« Pour l’année dernière, les « Dal.bo » rouleaux à céréales et semis de nouveaux fourrages ont travaillés 650 ha à eux deux ; les Köckerling, déchaumeurs 450ha ; les broyeurs 300 ha… », indique André. Vincent intervient : « Cette année était plutôt exceptionnelle, car le matériel a beaucoup tourné sur les exploitations et la casse était, quant à elle, relativement limitée. Ce qui n’est pas toujours le cas. »

« Evidemment seuls les comices qui n’ont pas de machines n’ont pas de souci. Nous essayons toujours d’acheter les machines les plus robustes mais nous ne sommes jamais à l’abri de mauvaises expériences. »

En outre, des économies sont possibles par l’achat de plusieurs machines, là où il n’y a aucune remise sur l’achat d’un seul outil. L’étendue de leur territoire étant relativement grande (de Mirwart à Léglise), cela permet également de répartir les appareils afin d’éviter des longues distances à parcourir pour les membres utilisateurs. « D’autant que des membres d’autres comices viennent parfois chercher nos machines. Quelques agriculteurs-entrepreneurs nous louent aussi du matériel quand celui-ci leur fait défaut. »

Des promoteurs de l’innovation

Si la location de matériel suscite un certain engouement, certains éleveurs préfèrent investir. Les machines étant devenues plus accessibles, il est plus facile pour eux de les avoir à la ferme que de devoir attendre que ceux du comice soient disponibles.

« Quelque part, le comice innove en proposant de nouvelles machines ! Grâce à notre système de location, les clients peuvent les essayer, se rendre compte de leur efficacité. Si elles leur conviennent, certains s’en procureront. On l’a vu pour les herses étrilles. C’est aussi ça le rôle d’une structure comme la nôtre: promouvoir les nouvelles techniques et mettre à disposition des matériels performants pour des personnes qui ont de plus petites superficies », estime Vincent.

Outre la location de matériel, le comice organise parfois une démonstration de matériel agricole, comme ce fut le cas à Sberchamps en 2011.
Outre la location de matériel, le comice organise parfois une démonstration de matériel agricole, comme ce fut le cas à Sberchamps en 2011. - Pascal Pochet

Une gestion rigoureuse à 5

Sur l’ensemble du comité, 5 personnes ont été désignées responsables de la dizaine de machines à louer. André Maljean : « J’ai trois machines chez moi. Je m’occupe de leur gestion en bon père de famille. Au mois de novembre, l’ensemble des responsables se réunit pour faire le bilan de l’année. Pour gérer un tel parc, la rigueur est de mise. Le système de réservation est adéquat à notre manière de fonctionner. Après chaque utilisation, la machine est rentrée au dépôt pour vérification. La grande majorité des clients est respectueuse et comprend que le comice fonctionne sur fonds propres. La bonne compréhension mutuelle permet, dans la majorité des cas, de travailler en confiance.

Chaque année, le comice réinvestit dans le matériel. « Les techniques évoluent, les machines également. En fonction des finances et des demandes, les membres scrutent les bonnes opportunités. « Nous allons renouveler les broyeurs. Ils s’autofinancent à peine car utilisés dans toutes les conditions. Nous avons moins de problèmes avec les déchaumeurs qui sont toujours utilisés sur des terres libres. »

Nous pourrions également proposer une formation à l’utilisation de machines dans le cadre d’une séance d’informations pour la phytolicence. Si cela peut réduire le risque de mauvaise manipulation du matériel, tout le monde y serait gagnant ! », conclut le secrétaire.

P-Y L.

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