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Marc Assin votre rêve est réalité… La COBT l’a réalisé!

En effet, dans votre très bel article de 14 janvier dernier – un de plus ! – vous faites le constat au combien réel de notre triste métier d’agriculteur et vous terminez par un rêve qui pourrait changer les choses… Une coopérative avec des agriculteurs faisant preuves de solidarité ; synonyme d’union pour agir sans fatalisme contre ces « money, money, money » qui nous dévorent. Quel beau rêve !

Temps de lecture : 5 min

Voici 3 ans, 4 agriculteurs l’ont fait ! La CoBT a uni 1.300 agriculteurs fermement engagés. Ils ont réuni plus de 50 millions d’euros avec l’aide de 300 sympathisants supplémentaires. Ils ont monté un dossier de A à Z : étude, terrain, plan financier, permis… avec à la clé un magnifique projet ayant pour seul but ; rendre un peu d’équité et de revenus aux agriculteurs solidaires avec de beaux rêves en perspective.

La dernière étape à franchir n’était plus qu’une formalité, obtenir le soutien des banques pour finaliser le financement et obtenir le crédit de ce projet déjà financé à 40 % (!!!) par des fonds propres. Et là, surpris : « votre projet est un peu trop ambitieux, l’avenir est incertain, le secteur du sucre n’est plus porteur, nous ne pouvons pas financer ce genre de coopérative ou même il faudrait que vous soyez associés à un gros industriel »… Et oui… On prend les mêmes et on recommence ! En bref, pas de crédit… « Votre projet n’est pas bon » ! Les agriculteurs sont tellement bêtes qu’ils vont tout gober se disent-ils !

Et bien non ! Le projet est bon, très bon, même trop bon car il met à mal le système en place, très/trop bien établit de façon stratégique par ces puissances que sont l’agro-industrie et la grande distribution ces « money, money, money ». Et comme vous le décrivez si bien dans votre article, dans ce système, l’agriculteur est réduit à un rôle de simple fournisseur de matières premières à bas coûts !

Ce projet aurait pu aussi être l’étincelle qui met le feu aux poudres. Il aurait pu faire prendre conscience aux agriculteurs qu’ils peuvent transformer leur production et la vendre directement. Alors qu’à l’inverse, l’industrie sans notre matière première n’est plus rien !

Trop dangereux ce projet de sucrerie, beaucoup trop dangereux pour les « money, money, money »…

Alors qu’à cela ne tienne, les banques ont servi de bras armés à tous ces puissants pour tuer le projet si beau à nos yeux mais si dangereux pour eux !

Vous me direz… Les banques qui obéissent à la puissance du capital quoi de plus naturel !

Voici d’ailleurs quelques arguments étayant cette réflexion :

Le sucre n’est plus porteur ?

Les sucreries en placent nous font « de doux yeux » depuis 3 ans, vidéos à l’appui pour certains, dans lesquelles ils nous considèrent comme des « partenaires », pour d’autres quelques euros de plus et tous nous disent croire en l’avenir de la betterave, mais ne savent pas la payer. Si toutefois, vous désirez diminuer votre emblavement… de beaux systèmes de pénalités sont mis en place pour vous en dissuader ! Quelle hypocrisie !

Les crédits risqués ?

C’est bizarre, au sein de nos fermes alors que nous sommes sous perfusion et que nous produisons des matières premières pour rien ! Nous obtenons des crédits ! Et bien oui, ils peuvent tout prendre en garantie : nos terres, nos bêtes, nos matériels, nos bâtiments… la faillite ne nuira pas à tout le monde ! Un agriculteur bien endetté n’est plus vraiment libre de ses choix ; il obéit donc mieux à la dictature industrielle.

L’agriculture ne rapporte plus rien ?

Mais alors pourquoi tous ces industriels et maintenant la grande distribution achètent nos terres ; notre outil de travail ? C’est peut-être le métier d’agriculteur qui ne rapporte plus rien parce qu’ils sont exploités mais ils sont conscients que nos productions sont une mine d’or pour eux ! Il ne faudrait pas que les agriculteurs s’en aperçoivent…

Alors oui Marc Assin, votre rêve nous l’avons réalisé grâce à 4 agriculteurs remplis de courage qui n’ont jamais compté leur temps et qui y ont laissé sans doute une partie de leur santé ! Je souhaite leur rendre hommage, les féliciter et les remercier pour avoir permis à 1.300 familles de faire de doux rêves. Et, j’en suis sûr, leur travail ne restera pas vain ; il aura permis de prendre conscience que le système en place est puissant mais que, plus que jamais, l’union fait la force !

L’idée de Guy Francq est une belle solution ; comme il le dit ainsi que l’article « 50 fois plus cher » il n’y a que 2 perdants dans l’histoire : le producteur et le consommateur final. 30 mille agriculteurs ; ce n’est pas grand-chose mais avec 11 millions de consommateurs cela serait plus facile.

On perçoit bien que le consommateur est en attente de quelque chose de notre part. Il suffit de constater le succès des fermes ayant fait le choix d’un retour au contact des consommateurs et, cela permet de montrer la réalité des choses et non pas ce qu’on veut leur faire croire à grand renfort de spots publicitaires.

Alors à tous ceux pour qui la liberté de faire des choix reste possible au sein de leur propre ferme, je leur dis soyez inventifs, soyez solidaires, remettez-vous en question en trouvant des alternatives en tâchant d’arrêter d’alimenter ceux qui nous détruisent pour que nos enfants puissent encore faire de beaux rêves longtemps en exerçant un des plus beaux métiers du monde !

Merci à tous

PS : Méfiez-vous de tous ces grands défenseurs de l’agriculture qui ne veulent que le bien des agriculteurs, le lobbysme et la puissance de l’agent viennent à bout des plus belles et plus nobles valeurs.

Un agriculteur déçu mais pas dupe !

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