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La maïs doux, une note originale et ensoleillée pour l’assortiment de nos maraîchers

Dans les petites fermes maraîchères, le maïs doux apporte une touche de diversification dans le panel de produits mis à la disposition au magasin d’août à octobre. Sa culture présente de nombreuses similitudes avec celle du maïs cultivé pour la production de fourrage ou de grains. Le gabarit de ces plantes et leur maintien, surtout en cas d’un léger buttage du pied, permettent aussi de jouer un rôle de brise-vent utile pour les cultures voisines.

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Le maïs doux venant du sud de la France est bien connu dans les étals des grands magasins. Il provient des mêmes régions que celles spécialisées dans la production de maïs sucré destiné à la valorisation via l’industrie agroalimentaire. Mais il y a aussi une demande locale de maïs doux.

Choix des variétés : plusieurs paramètres importants !

Les variétés proposées proviennent pour une large part des pays anglo-saxons et de France où la culture du maïs doux est plus habituelle que chez nous. Plusieurs critères de choix entrent en ligne de compte.

La précocité est un élément important pour arriver rapidement en août avec les épis récoltables. La touche colorée est la bienvenue alors que la clientèle est en plein approvisionnement des légumes estivaux classiques depuis plusieurs semaines déjà. À l’opposé dans la saison, il est possible de disposer d’épis récoltables frais jusque mi- ou fin octobre, mais ce n’est pas souhaité par tous les segments de la clientèle.

Le rendement n’est pas le facteur de choix dominant. La présentation de l’épi, son goût, éventuellement aussi la diversité des coloris des grains sont appréciés.

La vigueur au stade jeune est une propriété intéressante pour les premiers semis.

On privilégiera les variétés dotées d’une bonne vigueur juvénile en raison des multiples avantages que cela procure.
On privilégiera les variétés dotées d’une bonne vigueur juvénile en raison des multiples avantages que cela procure. - M. de N.

Notre attention se portera sur les catalogues semenciers adaptés à nos régions. Nous attendons des variétés qu’elles aient une bonne levée, même si la température du sol n’atteint encore qu’à peine 10 ou 12ºC. Cette qualité va jouer dans la résistance de la culture aux attaques de limaces, d’oiseaux et à la concurrence des adventices lors des premières semaines de culture.

Comme en production de maïs fourrage ou de maïs grain, le choix variétal est nettement élargi par la mise à disposition de variétés hybrides.

La résistance au charbon est un des critères améliorés par les sélectionneurs.

Veiller à une rotation suffisamment longue

Le maïs doux tolère des rotations courtes et même la monoculture. Mais dans l’organisation de plans d’assolement et la nécessité d’allonger au maximum les rotations pour les autres cultures maraîchères il est plus intéressant dans la plupart des fermes maraîchères d’intégrer le maïs doux dans la succession des autres cultures.

Le maïs est une poacée (graminée), une famille botanique et de sensibilité aux maladies et ravageurs peu représentée dans les autres légumes. Ce sera intéressant d’allonger la rotation des autres légumes en incorporant le maïs dans l’assolement. Nous pouvons retenir une rotation de cinq années comme base de réflexion pour la maîtrise de l’enherbement.

Le semis à partir de début mai et la récolte à partir de début août permettent les cultures avancées et les cultures dérobées. Notons quand même l’ampleur du volume des tiges à broyer après la récolte.

Un sol bien décompacté pour un bon enracinement !

Le maïs doux a besoin d’un sol bien décompacté à la structure meuble et grumeleuse. L’enracinement doit pouvoir se développer facilement, ce qui n’est guère possible en sol compact. C’est important pour le développement de la culture, son meilleur comportement vis-à-vis d’éventuelles carences minérales (la culture y est très sensible), la résistance à la sécheresse et au vent. À ce propos, un léger buttage au moment où le maïs a une vingtaine de cm de haut favorise l’installation des racines adventives à partir du collet ; celles-ci renforceront le système racinaire initial pour l’approvisionnement en eau et minéraux, et la tenue à la verse (tenue des tiges au vent).

Forçage possible au semis

En principe, nous attendons que le sol ait atteint au moins 10ºC et si possible 12ºC.

Les films plastiques de forçage dégradable adaptés au maïs sont maintenant disponibles sur le marché. Ils peuvent permettre de gagner deux semaines à la récolte des épis.

Nous visons une population de 8 pieds par m².

Pour gagner un peu de précocité, nous pouvons envisager de semer en mottes et de planter au stade 2 feuilles. Il faut alors des conditions de reprise excellentes pour que le gain en temps soit préservé.

Fertilisation : gare aux carences !

Les besoins de la culture de maïs doux sont plus modestes que ceux des maïs fourrage et grain. Les rendements sont plus faibles, les plantes sont moins hautes, la période de culture est plus courte. Les exportations sont faibles, une part importante des besoins sert à produire la tige et les feuilles qui resteront dans l’exploitation, sur place ou broyées sur le tas de compostage.

Le maïs est très sensible aux carences minérales, en méso-éléments (Ca, Mg et S) et oligo-éléments (Fe, Mn, Cu, Zn, bore…). Il manifeste plus exactement une très grande sensibilité aux défauts de structure du sol qui se traduisent par un développement insuffisant de l’enracinement et donc une exploration insuffisante des réserves disponibles dans le sol. En cas de besoin, des complémentations foliaires sont possibles.

La culture exportera quelque 70 kg d’azote par ha, 30 kg de P2O5, 30 kg de K2O, 20 kg de SO3-- et 10 kg de MgO. Les besoins sont respectivement de l’ordre de 100, 50, 180, 35 et 30 kg/ha de ces éléments. La différence se retrouve dans les résidus de culture laissés à la ferme.

Privilégier le désherbage mécanique

Le faux-semis peut être appliqué quand le maïs ne suit pas une culture avancée. Mais les adventices gênantes comme les chénopodes ne seront qu’à peine levées. Par contre, cette technique permettra de réduire partiellement les populations de pâturin annuel, fréquent en terres maraîchères, et de mouron des oiseaux.

Les binages répétés, complétés par un ou deux passages à la herse étrille et un léger buttage au stade 6 à 8 feuilles du maïs, suffisent généralement pour permettre une baisse très significative des besoins en main-d’œuvre pour la maîtrise de l’enherbement. Ces techniques mécaniques sont à préférer chaque fois que possible pour une question de risques de rémanence de produits résiduaires pour les cultures suivantes. Les surfaces en jeu dans les fermes maraîchères diversifiées ne justifient pas nécessairement la mise en œuvre de chantier de désherbage au pulvérisateur.

Les solutions chimiques sont larges également avec les produits disponibles agréés pour cette culture. Notre préférence ira pour les solutions qui présentent une courte rémanence de manière à éviter les soucis potentiels avec la culture suivante. La recherche sur le site http://fytoweb.be/fr se fera en mentionnant bien qu’il s’agit du maïs doux : les homologations ne sont pas les mêmes que pour les autres maïs cultivés chez nous.

La protection

Les limaces profitent du foisonnement du sol en surface. En parcelles maraîchères, elles peuvent anéantir rapidement une culture lors de la levée. Les appâts utilisables selon le cahier de charge en vigueur dans la ferme permettent dans un premier temps, avant le semis, de quantifier les populations et dans un second temps d’agir dès le semis en cas de nécessité.

Les corneilles et d’autres oiseaux s’attaquent aussi aux cultures lors de la levée. Sur de petites parcelles, les dégâts peuvent être considérables. L’alternance de moyens effaroucheurs (ballon à l’hélium, cerf-volant, rond de plumes disposé au sol pour simuler l’action d’un prédateur…) jusqu’à la bonne installation de la culture devrait permettre de limiter les dégâts, jusqu’au stade 3-4 feuilles.

La récolte

La récolte commence dès que les épis sont garnis de grains colorés sur presque toute leur longueur. Dans les petites fermes maraîchères, elle se fait manuellement.

F.

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