Accueil Equipements

Prendre le temps de la réflexion pour sélectionner la faucheuse la plus adéquate

La faucheuse est, en toute logique, un incontournable de la récolte des fourrages. Toutefois, lors de l’achat d’une nouvelle machine, il n’est pas facile de s’y retrouver face aux différents modèles mis sur le marché par les constructeurs. La seconde partie de ce guide pratique vous aidera à vous poser les bonnes questions, afin que le modèle récoltant vos faveurs corresponde aux réalités de travail dans votre exploitation.

Temps de lecture : 10 min

Après avoir comparé, dans notre édition précédente, les faucheuses à disques et à tambours, ainsi que les modèles portés et traînés, abordons cette semaine d’autres critères de choix tout aussi importants et sur lesquels il convient de se pencher avec attention.

Faucheuse seule ou en combinaison ?

La tendance consistant à associer une, voire deux faucheuse(s) arrière à une faucheuse frontale se confirme d’année en année, avec pour objectif d’accroître le rendement de chantier. Le marché de ce type de combinaisons existe pour les entreprises agricoles mais se concrétise aussi de plus en plus chez les agriculteurs. Il existe d’ailleurs différentes gammes de matériels répondant aux différents besoins et budgets.

L’acquisition d’une faucheuse frontale demeure un investissement rentable, pour autant que la superficie à faucher annuellement permette de l’amortir. En effet, une faucheuse frontale réduit drastiquement les frais globaux (heures de travail de la main-d’œuvre et du tracteur…). De plus, les puissances requises par une faucheuse arrière et une faucheuse frontale ne s’additionnent pas. Il faut compter un surplus de puissance d’environ 30 à 40 % pour faire tourner une machine frontale en plus d’une arrière. L’augmentation de consommation de carburant qui en résulte est largement compensée par la réduction des frais globaux susmentionnés.

Combiner une faucheuse frontale à  une faucheuse arrière constitue,  dans la plupart des cas, un excellent calcul.
Combiner une faucheuse frontale à une faucheuse arrière constitue, dans la plupart des cas, un excellent calcul.

Il est aussi à ce propos pertinent d’indiquer que, si le tracteur utilisé avec une seule faucheuse arrière possède la puissance nécessaire pour actionner deux machines, la combinaison avec une faucheuse frontale permet d’exploiter pleinement et de façon plus rationnelle la puissance effective de celui-ci (ce qui, par conséquent, réduit les surplus de puissance et de consommation évoqués ci-avant).

Différents types de faucheuses frontales

Différentes évolutions de faucheuses frontales sont présentes actuellement sur le marché, se démarquant essentiellement par leur capacité à suivre les dénivellations du terrain. Ces évolutions se résument comme suit :

Les faucheuses à groupe faucheur poussé. Attelées directement au relevage avant du tracteur, elles ne possèdent aucun système propre de suivi du terrain. Le débattement de la machine est directement dépendant des capacités des bras du relevage du tracteur en la matière. Ce type de machine offre peu (pas) de sécurité en cas d’obstacle.

Les machines tirées par l’avant grâce à un parallélogramme, offrant de meilleures capacités de suivi du sol et de protection en cas de rencontre avec un obstacle. Certaines machines peuvent être dotées de dispositifs de compensation pendulaire mais offrant des débattements limités (10 à 15º). Ces machines peuvent ne pas convenir sur des terrains à fortes pentes : l’action du parallélogramme tend à maintenir les organes de coupe à l’horizontale, et non parallèles au sol, ce qui se solde par des hauteurs de coupe aléatoires. Ce défaut peut être compensé moyennant des montages exploitant un 3e point hydraulique sur le relevage avant.

Les machines avec groupe de fauche tiré par l’avant grâce à une rotule. Celle-ci permet des débattements importants et dans toutes les directions, assurant un suivi du sol efficace.

Les machines à bâti porteur actif : toute la dynamique de la faucheuse se retrouve dans la tête d’attelage. En plus d’offrir les mêmes avantages que les faucheuses de la dernière catégorie, l’adoption d’un dispositif mécanique anticipant les mouvements de balancier avant et arrière du groupe faucheur permet de maintenir en permanence les couteaux parallèles au sol et donc d’offrir une coupe régulière.

Si cela reste anecdotique, il se vend quelques faucheuses frontales seules, utilisées en association avec une remorque autochargeuse pour un affourragement journalier du bétail. Cette solution pourrait prendre de l’ampleur à l’avenir si le modus operandi visant à maintenir le troupeau laitier à l’étable toute l’année devait se confirmer et s’étendre.

Une telle  combinaison se rencontre sporadiquement dans notre pays,  dans des  régions où l'affouragement journalier est pratiqué.
Une telle combinaison se rencontre sporadiquement dans notre pays, dans des régions où l'affouragement journalier est pratiqué.

Quelle que soit leur utilisation, les faucheuses frontales sont dotées de systèmes recentrant entre les roues du tracteur le fourrage coupé. Ces systèmes peuvent consister en des déflecteurs fixes, des disques d’andainage auto-animés ou des dispositifs entraînés mécaniquement. À ce niveau, il est nécessaire de s’assurer que la solution choisie ne constitue pas un frein trop important et garantit un cheminement régulier et uniforme de la matière.

Suspension : à choisir selon l’utilisation

La suspension et le réglage de la pression d’appui au sol du groupe faucheur peuvent être assurés de plusieurs manières.

Le système le plus simple utilise des ressorts dont la tension peut être adaptée. Avec un tel système, il est difficile d’estimer, au moment du réglage, la pression au sol et donc d’obtenir un résultat optimal. Afin de faciliter cette tâche, des solutions consistant à modifier le point d’ancrage du ressort (et donc la tension de ce dernier) ont été développées. Celles-ci ne permettent cependant pas d’ajuster en continu la pression du groupe faucheur. C’est l’une des raisons pour lesquelles des systèmes de suspension hydraulique ou oléo-pneumatique (vérin combiné à une boule d’azote) ont été mis au point.

Le système de suspension est à choisir en fonction des conditions d’utilisation de la faucheuse et de la nécessité ou non d’ajuster constamment la pression d’appui. Pour ce faire, il faut tenir compte de différents paramètres, tels que la physionomie des différents terrains exploités (zones sèches, humides…), l’utilisation alternée d’un conditionneur démontable sur la faucheuse (poids variable)…

L’allégement du groupe de fauche vise à rencontrer les objectifs suivants : la préservation du couvert végétal, le respect de la hauteur et de la qualité de coupe, et la facilité de traction de la faucheuse. Certains dispositifs de suspension intègrent une sécurité permettant à la faucheuse de s’effacer grâce à un mouvement ascendant face à un obstacle.

Transmissions : quel choix porter ?

Au niveau mécanique, la transmission intermédiaire de la faucheuse peut être assurée par une courroie ou par des arbres et cardans.

La courroie peut être intéressante car elle constitue un système de sécurité bon marché. Cependant, elle peut montrer ses limites en cas de fourrage abondant et est à déconseiller sur des machines de grande largeur. Elle n’est par ailleurs pas envisageable sur des matériels pendulaires en raison des possibilités de débattement de ceux-ci.

Les transmissions par arbres et cardans se révèlent plus performantes car elles ne connaissent aucun glissement mais nécessitent la présence de sécurités comme un limiteur de friction et/ou une roue libre.

Les transmissions finales sont réalisées avec des arbres et des renvois d’angle sur les faucheuses à tambours. Dans le cas des machines à disques, deux solutions sont proposées sur le marché : soit des arbres avec des couples coniques, soit plus fréquemment une cascade de pignons. La première construction conduit généralement les constructeurs à avoir recours à un carter de section triangulaire. La cascade de pignons autorise l’emploi d’un carter rectangulaire, plus apte à faire évoluer les couteaux parallèlement au sol puisqu’il est plat.

Si auparavant les carters boulonnés étaient réputés pour faciliter les interventions au niveau de la pignonnerie, ce n’est plus le cas aujourd’hui grâce à l’aménagement d’accès plus faciles sur les carters soudés ; ceux-ci sont par ailleurs plus avantageux car moins épais. Il est important de veiller à la robustesse de la cascade de pignons, en regard de la largeur de travail et de la puissance du tracteur, en portant une attention particulière au diamètre des pignons et au nombre de dents simultanément en contact.

Avec ou sans conditionneur ?

Le conditionnement vise à accélérer la dessication du fourrage en brisant la cuticule (pellicule hydrophobe, et donc imperméable à l’eau, entourant la tige et les feuilles des végétaux) en différents endroits afin de permettre à l’eau qui se trouve dans ces organes de s’en échapper.

Le conditionneur doit agir de façon suffisamment agressive pour occasionner des dégâts au niveau de la cuticule mais ne doit pas arracher les feuilles qui possèdent généralement des qualités nutritionnelles supérieures, ni casser le brin d’herbe en morceaux. En accélérant ainsi le séchage, le conditionneur est réputé pour faire gagner un passage de faneuse pour parvenir à un même taux de matière sèche. Il crée par ailleurs sur le sol un tapis de fourrage plus aéré.

Il est essentiellement à conseiller pour la coupe d’herbes destinées à l’ensilage et les coupes fréquentes. Sauf situations particulières, son usage est moins pertinent dans les itinéraires foin vu que la fauche concerne alors des herbes plus matures et donc par conséquent plus sèches.

À doigts ou à rouleaux ?

S’il existe plusieurs modèles de conditionneurs, ce sont ceux à doigts qui sont les plus vendus en Belgique. Ils se montrent polyvalents et efficaces sur graminées. Des modèles à rouleaux sont également commercialisés pour des récoltes de végétaux plus sensibles, tels que les légumineuses (y compris en mélanges) perdant rapidement leur feuillage et sur lesquelles l’usage du conditionneur à doigts est à proscrire.

Les conditionneurs actuels peuvent être démontés ou mis hors-service (le rotor tourne à une vitesse moindre tandis que la tôle déflectrice est escamotée ; le rotor joue alors un rôle d’aérateur) de façon à pouvoir utiliser la faucheuse seule et s’adapter aux conditions.

L’achat d’un conditionneur doit être réfléchi en fonction du rapport coût/bénéfice qu’il procure, en tenant compte du fait qu’une faneuse est déjà présente dans le parc de matériel de la ferme, qu’il requiert davantage de puissance et que son poids n’est pas négligeable (capacité du relevage du tracteur).

Il est utile, si ce n’est pas le cas, de prévoir un éparpilleur en sortie de conditionneur de manière à démarrer le séchage dans les meilleures conditions. Recentrer la matière en un andain compact derrière la machine est en effet contradictoire avec la logique même du conditionnement.

Avec ou sans système de mise en andain ?

Diverses solutions existent pour assurer la mise en andain directement par la faucheuse.

Le premier dispositif repose sur des déflecteurs fixes. Si la simplicité est au rendez-vous, il ne faut pas perdre de vue qu’ils constituent un frein au cheminement du fourrage et qu’il faudra peut-être adapter la vitesse de travail en conséquence.

Le disque d’andainage est une solution simple et efficace : peu coûteux et auto-animé, il accompagne la marchandise selon une rotation propre constamment proportionnelle à la vitesse d’avancement. Il existe aussi des systèmes rotatifs entraînés de recentrage du fourrage.

Le tapis groupeur d'andains peut être une option intéressante  sur les machines de grande largeur.
Le tapis groupeur d'andains peut être une option intéressante sur les machines de grande largeur.

Enfin, les vis d’andainage et les systèmes à tapis sont une option efficace sur les machines de grande largeur ; ils concernent relativement peu de matériels vendus en nombre absolu, essentiellement des combinaisons triples évoluant dans des entreprises de travaux agricoles. Il faut dire que ces équipements pèsent lourd. Il faut donc que le tracteur utilisé puisse fournir une capacité de relevage adéquate et, parfois, ajouter une roue de délestage pour les transports afin de respecter la législation routière.

Une option régulièrement vendue sur des faucheuses moyennes à grandes est un diviseur d’andain, évitant que le tracteur ne roule sur le tapis de fourrage couché lors du passage précédent.

Un choix mûrement réfléchi

Produire un travail de qualité passe par un matériel adapté. À la lumière de ce dossier, il apparaît clairement que le choix d’une faucheuse n’est pas anodin, qu’il doit être mûrement réfléchi. Les exigences et besoins propres à chaque récolte doivent être attentivement analysés avec l’objectif de définir le meilleur compromis entre investissement, coûts globaux de fonctionnement (entretien, main-d’œuvre, tracteur…) et qualité du travail rendu.

Par ailleurs, lorsque ponctuellement apparaissent des conditions jugées trop limitantes pour les propres machines de l’exploitant (météo capricieuse, espèces végétales spécifiques…), il peut être à conseiller de se tourner vers un entrepreneur possédant un matériel plus approprié plutôt que de compromettre le rendement et la qualité nutritive de la récolte ou la vitalité du couvert végétal restant.

N.H.

A lire aussi en Equipements

Voir plus d'articles