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Coopérative des Betteraviers Transformateurs: les betteraviers devront s’engager d’ici août

Cette semaine, la Coopérative des Betteraviers Transformateurs (CoBT) organisait une série de réunions afin d’informer les futurs coopérateurs sur tous les tenants et aboutissants du projet de sucrerie coopérative à Seneffe. Quelques changements et un engagement à prendre prochainement… Tous les détails ci-après.

Temps de lecture : 8 min

Depuis les réunions réalisées à l’automne, l’objectif de la coopérative n’a pas changé : elle veut mieux rémunérer la betterave, qu’elle redevienne une culture phare et que l’essentiel de sa marge de transformation revienne aux betteraviers.

Des intentions pour 1.500.000 t

Suite au sondage d’intentions réalisé fin 2017, 1.800 agriculteurs se sont montrés intéressés par le projet de nouvelle sucrerie et ce, pour un apport total de 1.500.000 t, le minimum critique pour poursuivre le projet étant fixé à 1.400.000 t. « L’essentiel des planteurs sont localisés dans la zone de production classique, avec une distance moyenne pondérée à la tonne de 45 km. Néanmoins, cela ne signifie pas que les producteurs situés plus loin ne seront pas inclus dans le projet. Certains d’entre eux viennent d’ailleurs de Flandre ou de France. Si le projet est d’initiative wallonne, il reste transrégional et ouvert à tous ceux qui nous entourent dans un périmètre d’approvisionnement raisonnable », dit Benoît Haag, coordinateur de la CoBT.

Idéalement située

Pour la construction de l’usine, une option d’achat a finalement été posée sur un terrain de 25 ha situé dans le zoning industriel de Feluy. « Ce terrain a plusieurs avantages, dont un accès direct à l’E19 et le passage de la conduite gaz de Fluxys en son sein, ce qui n’est pas négligeable en matière de coût de raccordement », explique Benoît Haag.

À son maximum économique, l’usine travaillera 14.000 t de betteraves par jour, sur une campagne type de 115 jours. L’approvisionnement total en betteraves entières non décolletées sera alors de 1.610.000 t pour la fabrication de 257.000 t de sucre.

Deux tours permettront le stockage de 75 % de la production annuelle de sucre. « C’est une quantité plus élevée que les acteurs actuellement en place et cela nous permettra de mieux nous positionner sur le marché puisque nous ne serons pas contraints de vider les silos pour faire de la place », explique le coordinateur.

L’usine produira également 45.000 t de mélasse, 52.000 t de pulpes sèches et 91.000 t de pulpes surpressées. « Environ 70 % de la matière sèche sera convertie en pulpe sèche. C’est un élément de différenciation voulu par rapport aux usines belges en place. En effet, la production de pulpe sèche est déficitaire en Belgique et un système de sèchage à vapeur nous permettra d’en produire sans augmenter la consommation d’énergie de l’usine ».

La demande de permis unique sera introduite en juillet 2018. Celui-ci devrait être délivré en février 2019. Un recours reste possible et reporterait alors le début de la construction à août 2019 mais n’empêcherait pas l’usine d’être en état de fonctionnement pour la campagne 2021.

Investissement minimum de 11.000 €

Pour la création de la société, c’est finalement le schéma de société coopérative unique contenant tous les actionnaires, agriculteurs et non agriculteurs, qui a été retenu. « Pour davantage de simplicité et de transparence dans la gouvernance », dit Benoît Haag. « On investit dans une seule et unique société, qui redistribue les bénéfices à ses coopérateurs sans transiter par d’autres filiales. Il n’y a pas de réinvestissements dans d’autres filiales ». La Coopérative des Betteraviers Transformateurs a ainsi été créée le 28 mars et est provisoirement gouvernée par 4 associés fondateurs, Jean-Jo Rigo, David Jonckheere, Michel Pecquereau et Jacques de Montpellier. Un conseil d’administration qui sera à court terme élargi et élu par l’ensemble des coopérateurs.

Pour capitaliser la société, 4 types de parts sont proposés. Pour les parts A et B, rien ne change. Pour devenir coopérateur, l’agriculteur doit souscrire à :

– une part A, d’une valeur de 2.000 € qui donne accès au système et la production de betteraves ;

– et au minimum 3 parts B, d’une valeur unitaire de 3.000 € et 100 t de betteraves, soit au minimum 300 t pour 9.000 €.

Les parts S, initialement proposée C, sont destinées aux sympathisants agriculteurs ou non. Leur valeur unitaire est portée à 3.000 € (au lieu de 1.000 €). Les agriculteurs souscrivant aux parts A et B sont libres d’en prendre le nombre qu’ils souhaitent mais les simples sympathisants sont tenus d’en prendre minimum 3, « par souci d’équité ».

Enfin, les parts F, sont quant à elles destinées aux investisseurs institutionnels ou stratégiques. Elles ont une valeur unitaire de 3.000 € mais doivent être souscrites au nombre minimum de 834, c’est-à-dire 2,5 millions € (M€). « La société régionale d’investissement de Wallonie (SRIW) est prête à investir 30 m€ dans ce type de part pour autant que le capital en part A, B et S suive », annonce le coordinateur.

L’investissement minimum pour être coopérateur s’élève donc à 11.000 euros. « Suite aux déclarations d’intérêt, la situation actuelle moyenne est de 1 part A et 8 parts B, soit 26 000 € d’investissement pour une production de 800 tonnes. 250 agriculteurs se sont également montrés intéressés par une part S, ce qui porte le montant à 29.000 €», détaille l’orateur. Les parts A et B devront représenter la majorité du capital. « S’il n’y a pas une fourniture suffisante de betteraves, le modèle ne tient pas la route et nous arrêtons le projet », insiste Benoît Haag.

Au moment de sa pension, le coopérateur pourra céder ou convertir en part S sa part A ; céder ses parts B ; et conserver, transférer ou récupérer ses parts S.

303 millions d’€

À l’heure actuelle, le coût de l’usine est estimé à 303 M€, à cela s’ajoutent l’achat du terrain et les frais de montage du projet et autres pour un total de 329 M€. Un budget qui devra être financé par un capital de 100 M€ (parts A, B, S et F, environ 30 % du budget) et des prêts bancaires, remboursés sous15 ans, de la Banque européenne d’investissement (110 M€) et de diverses banques (110 M€).

Un bénéfice de 1.450 €/ha ?

Dès son engagement, un contrat à durée indéterminée sera passé entre le coopérateur et la CoBT. Il sera valable pour une quantité de betteraves entières correspondant aux parts B.

Le prix payé aux producteurs sera déterminé sur base de la marge de transformation de l’année. En cas d’excédent, un prix dégressif sera appliqué. En cas de déficit de livraison, si la faute du coopérateur est avérée (emblavement insuffisant par exemple), une pénalité sera retenue.

Le barème richesse mis en place favorisera, quant à lui, la plus haute productivité à l’ha. Enfin, la coopérative souhaite travailler avec un déterrage généralisé avec un taux pivot et prendra à sa charge le chargement et le transport. « Il s’agit de balises, cela ne signifie pas que les agriculteurs ne pourront pas amener eux-mêmes leur production via camions ou tracteurs, mais nous devront tenir compte des restrictions de mobilité de la commune et fixer des règles ne pénalisant aucun coopérateur ou même la rentabilité de l’usine », explique Benoît Haag.

Les coopérateurs auront droit de reprise sur les pulpes et celles-ci seront valorisées à part de la betterave. Des primes hâtives basées sur la courbe de croissance de l’année seront également mises en place.

75 % du payement aux producteurs aura lieu en décembre et janvier. « Cela correspond plus ou moins aux coûts de production. Les planteurs sont donc assurés de récupérer cette somme avant l’implantation de la nouvelle culture ». Le troisième payement se fera en mars et le solde en novembre.

Pour une campagne de 115 jours, à un prix du sucre de 400 €/t et un rendement de 95t/ha, la CoBT estime le prix payé aux coopérateurs à 40,52 €/t, soit un bénéfice d’environ 1.450 €/ha (pour un coût de production total/ha évalué à 2.400 €). Un prix du sucre de 300 €/t, entraînerait par contre un prix payé pour la betterave de 25,64 €/t, couvrant tout juste la production.

Retour et risques ?

En termes de retour sur investissement, le coopérateur disposant d’un Nº SIGeC peut tout d’abord envisager de récupérer les 2.000 € de la part A via une aide de la Région wallonne.

Pour les parts B, à un prix du sucre de 350 €/t, le retour est estimé à 743€/part/an, « Si vous décidez d’y consacrer tout votre bénéfice, vous récupérez votre mise en 4 ans », dit Benoît Haag. Les parts S donneraient quant à elles lieu à un dividende de 3 %, soit 90 € par an. « Rappelons également que si vous décidez de céder ces parts, vous récupérez également votre mise de départ », dit le coordinateur.

S’engager pour le mois d’août

« Voici donc les balises qui devraient régir la nouvelle CoBT. Celles-ci, ainsi que d’autres règles plus fines seront prochainement publiées dans le prospectus officiel de la CoBT, afin de nous conformer aux exigences légales de la FSMA (autorité belge des services et marchés financiers). Ce prospectus permettra à tous les futurs coopérateurs de juger précisément le risque qu’ils prendront », précise Benoît Haag.

L’engagement final au projet devra être pris d’ici la fin du mois d’août. En pratique, un formulaire devra être envoyé à la CoBT. S’en suivront les payements d’un acompte de 25 % dans les 30 jours de l’engagement et du solde de 75 % pour le 31 décembre 2018. Le coopérateur recevra ensuite un agrément et un contrat type. Le formulaire de demande de subvention à la Wallonie lui sera également fourni mais la démarche devra être faite individuellement.

D’ici là, les déclarations d’intérêt peuvent encore être faites ou modifiées via le site www.cobt.be. Celles-ci vous rendra prioritaire (à hauteur de votre demande) lors de l’ouverture de la souscription fin août.

« C’est une opportunité qui ne vous sera proposée qu’une seule fois. Bien sûr, on peut se dire que l’on verra si l’usine tient la route à sa mise en route, mais si tout le capital est comblé dès le départ, le seul moyen d’intégrer la coopérative sera de faire un échange ou reprendre », conclut Benoît Haag.

DJ

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