On inspire bien fort et on oublie ! On oublie que 2018 a été la pire année agricole depuis 2013 (p. 22). On oublie que notre secteur subit quotidiennement une pression sociétale et économique à la limite du supportable. On oublie que notre gouvernement n’existe (presque)plus. On oublie que nombre de nos représentants politiques pensent davantage à leur réélection qu’au bien commun. On oublie que des âmes malveillantes sèment la terreur à travers le monde… On se concentre sur nos familles et l’essentiel, sur ce qui nous fait et nous fera toujours tenir debout. On se délecte du temps passé à leurs côtés. On les couvre de cadeaux (qui ne viennent pas de l’autre bout du monde si possible, parce que l’égoïsme c’est juste un peu on a dit). On régale nos papilles de bons produits wallons (oui, ça, on peut s’en souvenir !). On fait le plein de magie et on essaie de voir la vie à travers les yeux de nos enfants ; eux sont capables de s’arrêter là où on a depuis trop longtemps oublié de le faire.
Nous avons la chance unique de les voir grandir dans un environnement hors du commun. Un univers dans lequel on prend encore du temps pour les plus jeunes (ou alors c’est eux qui en donnent en nous épaulant dans les tâches quotidiennes). On est d’ailleurs souvent heureux – parfois un peu inquiets – de constater que le virus de l’agriculture les touche aussi. La famille occupe une place à part entière et les liens du sang s’avèrent souvent indéfectibles. Même si les désaccords sont légion, quand la situation devient critique, on revient toujours à la source. Ensemble, on est plus fort ! Un adage qui, à défaut d’être appliqué dans le travail (ça ne nous ferait pourtant pas de mal), est presque toujours d’actualité dans les familles agricoles. On ne s’exprime pas toujours de la meilleure façon, on ne se comprend pas toujours bien, mais on s’aime autant qu’on aime notre métier. Et, dès qu’un membre du clan est fragilisé, c’est toute la meute qui se mobilise. Ne serait-il pas mieux de se manifester aussi quand tout va bien ? Le culto est orgueilleux et maladroit, il faut l’accepter. C’est aussi ça l’esprit de Noël.