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Vulcain, l’ami des humains

Qui aime l’agriculture s’intéresse au sol, donc au sous-sol, jusqu’à la roche-mère. On passe de la pédologie à la géologie. L’étude des roches, c’est l’ADN qui explique l’évolution de la terre.

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Cette science, la géologie, n’intéresse pas que les ingénieurs des mines, voire quelques agronomes… De plus en plus, les naturalistes veulent comprendre comment fonctionne la nature.

Attention : ne pas confondre naturalistes et naturistes, qui, eux, vivent la nature comme si les textiles n’existaient pas.

Les roches commencent toujours leur histoire dans le magma, quelque part à l’intérieur de la planète. La voie la plus rapide pour en sortir, ce sont les volcans. Les îles éoliennes, au nord de la Sicile, sont la région d’Europe la plus active en cette matière. C’est en effet le point de rencontre entre les grandes plaques tectoniques : l’Eurasie et l’Afrique.

Avec des amis géo-naturalistes, j’ai pu prendre la voie des airs à la rencontre de Vulcain, le dieu des enfers. Attention : il paraît qu’au niveau énergétique, ma part de kérosène pour ce trajet vaut en CO2, l’équivalent méthane d’une vache pendant un an.

À pied d’œuvre, et à pied cette fois, on en a vu de toutes les couleurs : le noir des minéraux ferromagnésiens domine. Souvent, en contact de l’air, le fer vire au rouge par oxydation. La roche peut être blanche si elle est plus riche en potasse (kaolinite). Il y a aussi du jaune laissé par les fumerolles de soufre, parfois des traces de bleu (le cuivre) ou de mauve (le manganèse).

En arrivant dans l’atmosphère, ces roches ont déjà une histoire qui explique leur différence de composition. On parle de silicates comme pour nos argiles, de quartz quand il s’agit de sables et d’autres minéraux que nous connaissons bien : calcium, potassium, magnésium, sodium.

Il est aussi question de roches acides ou basiques, comme dans les analyses de terre. En fait, Vulcain fournit tous les minéraux dont les végétaux ont besoin. Son copain Eole, le dieu de l’air et du vent, complète pour l’azote et le carbone.

Reste un dernier facteur limitant : l’eau, indispensable à la vie. Il n’y a pas de sources au pied des volcans. Dans les îles, elle arrive en bateau du continent et les touristes en consomment bien plus que les vignes ou les jardins.

J’ignore si la réincarnation est une blague mais pour les minéraux, c’est une réalité. Au gré des altérations, des érosions, des sédimentations, les ions potassium, calcium, magnésium vont vivre plusieurs vies.

S’ils ont la chance d’aboutir dans un gisement, ils seront peut-être recyclés en engrais, c’est-à-dire roulés en petits granulés, comme le couscous. En fait, des « plats tout préparés pour végétaux ». Une fois épandus dans les champs, ils seront absorbés par les cultures et finiront un jour dans les assiettes, peut-être encore une fois sous forme de « plats tout préparés » comme les humains apprécient tant aujourd’hui.

Au fond, la fertilisation, c’est donner une nouvelle vie aux minéraux. Ils intéressent autant les naturalistes que les agriculteurs : les uns, pour se nourrir l’esprit, les autres, pour nourrir l’humanité.

JMP

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