Pommes de terre - récolte 2019: les variétés de conservation font plutôt grise mine

Dans le cadre du Centre pilote pomme de terre, la collaboration étroite entre la Fiwap et le Carah en Wallonie et le Pca, Inagro et le Pibo en Flandre a permis de suivre en culture 87 parcelles de référence dans 6 variétés choisies selon leur représentation dans les surfaces belges de pomme de terre de consommation. Selon les variétés, l’échantillonnage a eu lieu de 2 à 6 fois au cours de la période de croissance. Au total, environ 340 prélèvements ont été réalisés.

Variétés (mi)-hâtives Amora et Sinora

Les plantations ont eu lieu principalement début avril, soit à une date normale pour Amora, un peu précoce pour Anosta. Le mois de juin a été favorable à la croissance. Début juillet a été relativement frais, puis chaleurs, canicules et sécheresse se sont installées et ont freiné les cultures.

Les premiers prélèvements réalisés en Amora fin juin ont montré déjà une belle production. La plupart des parcelles suivies ayant été irriguées, le rendement final (35 mm+) s’est établi à 46 t/ha avec 81 % de gros calibre, un PSE de 389 g/5 kg et une excellente couleur de friture. Mais les parcelles non irriguées sont restées à de (très) faibles rendements avec de hauts PSE.

La variété Sinora a aussi été freinée par la sécheresse en juillet, mais un bon départ en juin et le retour de pluies à partir du 15 août lui ont permis d’atteindre un rendement final correct de 42 t/ha (35 mm+) avec un calibre plutôt moyen (71 % de 50 mm+), un PSE élevé et une très bonne cuisson friture.

Variétés de conservation

Les parcelles des 4 principales variétés suivies ont une date moyenne de plantation au 22 avril, date tout à fait normale. Les bonnes structures de sol à la plantation et la météo favorable au développement des cultures en début de saison ont permis un bon départ. Canicule et sécheresse ont ensuite freiné (stoppé) la croissance jusque début septembre, hormis dans quelques sous-régions plus chanceuses.

Les variétés Bintje et Innovator en ont le plus souffert. Fin juillet, Bintje montrait des rendements faibles (27 t/ha de moyenne), tandis que Fontane s’en sortait mieux (33 t/ha). Bintje a développé du rejet en culture, en proportion considérable en Flandre, dans une moindre mesure en Wallonie, mais globalement sans impact majeur sur la qualité moyenne des productions.

Dès les premiers prélèvements fin juillet on a constaté une différence de rendement entre régions avec de meilleurs scores en Flandre (en rason de quelques pluies supplémentaires ponctuelles en juillet). Cette différence (de l’ordre de 8 à 10 t/ha) s’est maintenue jusqu’à la fin de la saison. Le retour de pluies conséquentes en seconde partie de septembre est arrivé trop tard pour la plupart des cultures. Parmi les variétés les plus tardives toutefois (dont Challenger et Fontane, dont certaines parcelles n’ont été défanées que début octobre), on a observé une reprise d’eau (absorption passive d’eau) qui a sans doute contribué à gagner quelques centaines de kg par ha, voire 1 ou 2 tonnes.

Bintje a terminé avec une moyenne nationale d’à peine 38 t/ha (35 mm+), soit 8 t/ha de moins que la moyenne pluriannuelle et avec d’énormes différences entre parcelles (de 24 à 50 t/ha). Le calibre est resté en rade à 56 % de 50 mm+.

En raison d’une très faible croissance tardive (fin août – début septembre), Fontane termine à 44 t/ha (35mm+) avec également une très large variation (de 25 à 61 t/ha !). C’est 7 t/ha de moins que la moyenne pluriannuelle. Son calibre est très correct, et son PSE est (très) élevé.

Challenger a montré une croissance tardive supérieure à Fontane pour finir (moyenne belge) à 48 t/ha (35 mm+). La variabilité entre parcelles est aussi énorme : de 29 à 69 t/ha ! La moyenne pluriannuelle s’établit à 51 t/ha. Le calibre cette année reste un peu faible (69 % de 50 mm+) dû au grand nombre de tubercules par plante (20 en moyenne). Les PSE sont élevés et la couleur de friture est très bonne.

Innovator n’a été échantillonnée qu’en Wallonie où elle a très fortement souffert de la sécheresse prolongée et des périodes de canicule. Son rendement moyen (7 parcelles) est décevant, à seulement 36,5 t/ha (35 mm+) variant entre 23 et 41 t/ha. Son PSE moyen et son calibre ne sont pas excessifs, avec quelques parcelles sous la norme de 360 g/5 kg ou de 60 % de 50 mm+.

Pour toutes les variétés, et hormis dans les parcelles de Bintje plus fortement touchées par le rejet et qui pourraient montrer la présence de flottantes / vitreuses, le pourcentage de tare pommes de terre (vertes, crevassées, difformes, pourries) est très faible (3,5 % en Bintje, 1 à 2 % en autres variétés).