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Beneo-Orafti est-elle correcte avec les planteurs?

L’Opco, l’Organisation professionnelle des producteurs de chicorées d’Oreye, a calculé l’augmentation des coûts à laquelle les planteurs devront faire face et qui empêchera la rentabilité de la production pour un bon nombre d’entre eux cette année. Celle-ci sera de 300 à 400 €/ha, ce qui correspond au minimum à 6 à 8 €/tonne de chicorées produites à un rendement moyen de 50 t/ha.

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La guerre en Ukraine a plongé un pays dans un drame humanitaire sans précédent. Nous leur envoyons tout notre soutien. Elle a également ébranlé le secteur de la production agricole depuis quelques semaines. Elle nous met face à une augmentation des coûts de plusieurs de nos intrants, celle-ci ayant déjà commencé il y a quelques mois avec un prix record des engrais azotés. L’Opco, l’Organisation professionnelle des producteurs de chicorées d’Oreye, a calculé l’augmentation des coûts à laquelle les planteurs devront faire face et qui empêchera la rentabilité de la production pour un bon nombre d’entre eux cette année. Celle-ci sera de 300 à 400 €/ha, ce qui correspond au minimum à 6 à 8 €/tonne de chicorées produites à un rendement moyen de 50 t/ha.

Devant ce cas de force majeure et pour maintenir une santé économique dans la filière de la chicorée, l’Opco a demandé un geste exceptionnel de 6 €/t de chicorées sur le prix de base de 2022.

L’Opco a été heurtée par la réponse de Beneo-Orafti, une proposition incohérente d’une augmentation de seulement 2 €/t sous forme d’une prime de volatilité, bien loin de ce qui est nécessaire pour faire face à la réalité des producteurs de chicorées aujourd’hui. Le principe de partenariat que Beneo-Orafti aime mentionner entre les producteurs et l’usine est tout simplement ignoré.

Devant cette situation inacceptable, l’Opco a réagi en signifiant que tant que l’augmentation légitime de 6 € ne sera pas actée, aucune négociation pour 2023 ne sera possible. L’attitude de l’usine remet en doute notre engagement dans le futur de la filière de la chicorée, à une époque où la conjoncture de nombreuses productions agricoles est en forte évolution.

Les producteurs de chicorées viennent de traverser deux années difficiles, enchaînant des conditions de sécheresse en 2020 et d’intempéries et de froid en 2021, occasionnant des rendements en dessous de la moyenne. Cette crise est un nouveau coup de massue. Nous n’accepterons pas une situation de production de chicorées sans revenu, à « faire le gros dos ».

La loi Egalim, en France, devra faire exemple dans les filières agricoles en Belgique. Selon celle-ci, tous les maillons d’une chaîne alimentaire présentent leurs coûts de productions et ces indicateurs servent de socle aux négociations commerciales (loi de Besson-Moreau, en vigueur depuis 2022). Les industriels sont désormais obligés de payer les hausses demandées par les agriculteurs, en fonction de leurs coûts de production.

L’Opco maintiendra cette discussion avec Beneo-Orafti tant que la rentabilité à court et à moyen terme de la chicorée pour les producteurs ne sera pas prise en compte. En ces temps de crise, chaque acteur des différentes filières économiques répercute son augmentation de coûts occasionnée par ce conflit. Il ne nous est pas concevable que seuls les producteurs de chicorées ne puissent pas faire valoir leurs augmentations de coûts inédites. C’est un manque de justice manifeste.

L’Opco

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