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Pommes de terre: la sécheresse conduit à une situation très préoccupante

Cette saison est décidément exceptionnelle puisque cette semaine sera encore chaude et sèche, on attend encore des températures atteignant les 30ºC pour la fin de semaine et toujours pas de pluie. De manière générale, la végétation des plantes de pommes de terre est 2 semaines en avance, note le Carah.

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Depuis le 15 juillet, quelques sous-régions seulement ont reçu des pluies significatives en Wallonie, selon les observations du réseau Pameseb – Cra-w : une partie de la province du Luxembourg, autour de Liège et les cantons de l’Est, la région de Feluy, le Tournaisis, plus quelques zones très locales arrosées par des orages. Dans tous les cas, note la Fiwap, dans son avis du 31 juillet, ces pluies sont inférieures à l’évapotranspiration sur cette période.

Sénescence et production : la variabilité mène la danse !

Toutes variétés confondues, on observe une très grande variabilité de la production et de la sénescence. La variabilité est également très grande au sein même des parcelles : il faut idéalement faire au minimum deux prélèvements par ha pour avoir une bonne idée de l’état de la parcelle. Il peut y avoir dans un même champ des zones bien vertes et des zones presque mortes, de même que l’on peut trouver dans une même ligne, des plants verts et des plants morts.

Du côté des variétés semi-précoces, Bintje, Lady Claire, Innovator, etc. la végétation est souvent tombée, la sénescence varie de 40 % à 80 %. Le rendement actuel varie de 15 à 20 tonnes/ha, parfois de 20 à 25 t/ha. S’il ne pleut plus d’ici à la sénescence complète, il est possible de gagner encore 5 t. Pour les parcelles qui ont reçu entre 5 mm et 35 mm entre le 15 et le 30 juillet, il est possible de gagner encore du tonnage (parfois plus de 10 t lors de la sénescence du feuillage).

Chez les variétés semi-tardives, Fontane, Challenger, etc. la sénescence est moins avancée, et la moindre pluie contribue à prolonger le feuillage et à maintenir un certain potentiel de production. Si la sénescence n’est pas trop avancée au moment où les conditions redeviendront poussantes (moins chaudes et plus humides), alors il y a encore un réel espoir de rendement correct. Challenger se comporte mieux par rapport à la sénescence mais sa production est pour le moment inférieure à Fontane.

Pour les variétés tardives, Markies, Lady Anna, etc. la production est très faible actuellement. Si ces variétés sont encore en vie au moment où les conditions redeviendront poussantes, il y a également encore un espoir de production. Les moyennes pluriannuelles montrent que ce sont les trois premières semaines du mois d’août qui sont les plus productives en kg/hect/jour, et surtout la deuxième.

Les poids sous eau s’envolent à 390, 400, 440 g/5 kg, voire davantage encore parfois, indique la Fiwap.
Les poids sous eau s’envolent à 390, 400, 440 g/5 kg, voire davantage encore parfois, indique la Fiwap. - M. de N.

Présence de rejet

Du rejet – boulage peu vigoureux est signalé en Bintje, Fontane, Agria… mais en absence d’eau, il ne peut pas s’exprimer, note encore la Fiwap.

Dans son avis du 1er août, le Carah (Ath) évoque la question d’un traitement à l’hydrazide maléique. « Ce traitement peut théoriquement se réaliser après le retour des pluies (environ 48 h après), si le calibre des tubercules est supérieur à 35 mm et si la plante est en état végétatif correct. Ce dernier point pose problème pour l’instant : les plantes sont la plupart du temps en état de stress avancé, un traitement réalisé dans ce cas risque de ne servir à rien, voire d’aggraver l’état de feuillage. La matière active ne circulera pas dans la plante et il est possible que le traitement accélère la sénescence, c’est d’autant plus le cas que les températures atteindront une fois de plus 30ºC en fin de semaine. Pour ces raisons, nous ne conseillons donc pas de traitement d’hydrazide maléique pour l’instant. »

Lutte contre l’alternariose…

Les conditions climatiques freinent l’évolution de l’alternariose. Pour que cette maladie se développe, il faut une alternance de période sèche et humide, poursuit le Carah. Dans le cas d’une année qualifiée de « plus normale », les rosées suffisent à créer de l’humectation, cette année, la sécheresse est telle que les rosées sont limitées... voire inexistante. Aucun traitement spécifique n’est pour l’instant requis contre l’alternariose.

… et les ravageurs

Les populations de pucerons ont chuté et ne sont plus dangereuses dans la plupart des champs. Il reste à surveiller un développement tardif du « petit jaune » (Aphis nasturtii), qui peut parfois coloniser les pommes de terre plus tardivement, certaines années, et apprécie les températures élevées et le temps sec. En cas de fortes populations (plus de 10-15 pucerons par feuille), il est prudent d’envisager un traitement avec un produit adapté, car beaucoup d’insecticides ne fonctionnent pas bien ou pas du tout sur cette espèce. Il faut aussi signaler que ce puceron est avant tout présent dans les zones calcaires et boisées (Famenne et Condroz, par exemple) et qu’il peut être abondant localement sur des tâches de quelques mètres carrés tout en étant absent du reste du champ.

Quant aux doryphores, les œufs sont présents, de même que les premières larves. Les parcelles doivent être évaluées au cas par cas et en cas de forte présence sur l’ensemble de la parcelle, un traitement doit être envisagé. Attention : ne pas se fier aux bords de champs et fourrières qui sont souvent plus attaqués que le reste de la parcelle !

Prélèvements en champs de référence

Les premiers prélèvements ont été effectués dans les champs de référence pour la saison 2018. Ces prélèvements sont réalisés en collaboration en Flandre par le Pca et Inagro et en Wallonie par la Fiwap et le Carah, permettant ainsi une vue d’ensemble de la situation sur le territoire belge.

Durant cette saison, 18 parcelles de Bintje (9 en Wallonie et 9 en Flandre) et 27 parcelles de Fontane (11 en Wallonie et 16 en Flandre) seront suivies tout au long de la saison grâce à cette collaboration.

Bintje en Wallonie  :

– rendement total (t/ha) : 23,2 (de 15,1 à 28,0) ;

– rendement > 35 mm (t/ha) : 20 (de 13,2 à 27,1) ;

– PSE (g/5.000 g) : 394 (de 344 à 445).

Fontane en Wallonie  :

– rendement total (t/ha) : 24,3 (de 17,4 à 29,9) ;

– rendement > 35 mm (t/ha) : 22,5 (de 14,4 à 28,0)

– PSE (g/5.000 g) : 407 (de 331 à 440).

Le rendement moyen 2018 à la fin juillet en Wallonie est inférieur à la moyenne 2006-2016 pour la même période ; au même moment en 2017, le rendement était supérieur de 5 t/ha. Effet de la sécheresse, les poids sous eau grimpent en flèche, avec une moyenne de 394 en Bintje et de 407 en Fontane, ce qui est très élevé !

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