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CIPC: dans l’attente d’une limite de détection temporaire

Lors des coins de hangar 2020 de la Filière wallonne de la pomme de terre (Fiwap), l’accent a particulièrement été mis sur les conséquences de l’après CIPC. Dans son exposé, Thomas Dumont de Chassart revient sur l’éventuelle approbation d’une limite résiduelle maximale temporaire (tLMR) du produit dans les bâtiments pollués et sur les actions à mettre en œuvre pour la réduire au maximum.

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L’année en cours sera particulière pour les producteurs de pommes de terre et la récolte de leurs produits. Outre la suppression de certains produits pour le défanage, ils devront faire face à la problématique de conservation sans CIPC. « Tout devra être réappris de zéro », dit Thomas Dumont de Chassart de la Fiwap.

Date de fin : 30 juin 2020

L’interdiction du CIPC a été votée en février 2019 au SCOPAFF. Le produit n’a pas obtenu la majorité qualifiée pour être prolongé lors de ce comité technique européen. La date de grâce ultime a été fixée au 8 octobre 2020, en Belgique et aux Pays-Bas, elle est plus particulièrement fixée au 30 juin 2020.

Pollution historique des bâtiments et équipements

Actuellement, si une molécule est interdite, on ne peut plus la retrouver. Sa limite maximale résiduelle (LMR) est la limite de détection des appareils, c’est-à-dire 0,01 ppm. Or, les cristaux de CIPC imprègnent fortement les matériaux. « On les retrouve sur une profondeur de 4 cm dans les bétons avec la majeure partie de celui-ci dans le premier cm. Au fil du temps, ces cristaux repassent en phase vapeur. Dans les bâtiments traités durant de nombreuses années, le CIPC risque donc de recontaminer les pommes de terre stockées même si elles n’ont jamais été traitées au CIPC ».

Proposition d’une LMR temporaire

Il sera donc absolument nécessaire d’obtenir une LMR temporaire (tLMR) assez haute pour maintenir un maximum de hangar dans le circuit mais également assez basse pour empêcher tout usage frauduleux de CIPC. L’enjeu, ce sont des infrastructures de stockage pour un total de 25 à 30 millions de tonnes en Union européenne. Une demande a été faite dans ce sens sur base d’études de toxicité et de données collectées par le secteur depuis fin 2018 dans des bâtiments historiquement pollués au CIPC mais non traités lors des prélèvements. « L’idée était d’avoir une idée des taux de détection sur ces pommes de terre normalement indemnes ». Une proposition de tLMR 0,3-0,4 ou 0,5 ppm a été transmise à l’EFSA. Son avis ainsi qu’une proposition concernant le nettoyage des infrastructures sont attendus pour le printemps 2020. S’en suivra l’avis du SCOPAFF avec l’influence politique possible de chaque État membre.

Dans le cas d’une acceptation…

Si le principe de la limite temporaire est accepté, le secteur devra démontré qu’il réduit un maximum les risques. Cela passera par un nettoyage inévitable des hangars sur base d’un protocole accepté par l’EFSA.

Une tLMR initiale de 0,3-0,4 ou 0,5 n’entrerait en vigueur que début 2021, entre-temps la valeur actuelle de 10 ppm resterait d’application. La durée d’application de cette limite n’est pas encore définie. « Il n’y a pas de réponse simple. Mais il s’agira sans doute de plusieurs années avec une valeur qui évoluera à la baisse pour coller à la diminution de la pollution historique ».

Afin de montrer qu’il respecte les règles, le secteur devra fournir des relevés actualisés de la pollution historique ce qui nécessitera des échantillonnages en hangars, des analyses de laboratoire et des rapports.

Pour réduire les risques de dépassement

Pour réduire les risques de dépassement de la future tLMR :

L ’effet désincrustant des produits alternatifs

Au cours de la saison de gazage, on peut remplacer le CIPC par l’un des produits alternatifs. Le 1,4 sight et le bioX-M auraient un effet dissolvant sur les ventilateurs, la chambre de pression, les gaines et canaux et permettraient d’agir sur des éléments moins faciles d’accès. Néanmoins, le surcoût est à prendre en considération.

L’aération

Thomas Dumont de Chassart conseille également d’aérer le bâtiment en permanence dès qu’il est vide afin de favoriser la volatilisation du CIPC. « Celui-ci sera emporté par les courants d’air et un nouveau relargage aura lieu ».

Au soleil, vent et sous la pluie

Après nettoyage, les caisses-palettes laissées dehors, exposées à la pluie, au vent et au soleil. « Le CIPC pourra ainsi se décomposer puisqu’il se dégrade à PH ambiant et à l’humidité, ce qui n’est pas vraiment le cas du béton ».

Aucun traitement chimique

Aucun traitement chimique fiable n’est actuellement connu pour dégrader le CIPC.

Dépassement = destruction

En cas de dépassement de la limite temporaire, le lot sera considéré comme impropre à la consommation humaine et animale et détruit. « De plus, si le dépassement est du à un usage frauduleux, c’est la crédibilité de la filière que sera remise en jeu. S’il vous plaît, ne jouez pas avec le feu ! ».

Propos recueillis par D. Jaunard

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