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La CoBT inquiète-t-elle?

Dernièrement, nous avons reçu plusieurs messages de l’acheteur de nos betteraves. Celui-ci se veut rassurant et évoque la durabilité. Son dernier message, nous est arrivé à l’aube de la seconde souscription organisée par la CoBT. C’est de bonne guerre. Ceci dit, la restructuration chez Sudzucker est pour 2020 (les emblavements, partout en Europe, sont réalisés) et d’ici là, beaucoup de choses peuvent encore changer la donne ! De plus, pas un mot sur un prix décent et rémunérateur pour notre betterave.

Temps de lecture : 3 min

S’il est vrai qu’on entrevoit une embellie dans le marché du sucre, n’oublions pas que l’industriel s’en réserve 66,5 % et le planteur doit se contenter des 33,5 % restants. Est-ce bien équitable ? Nos représentants négociateurs (la CRV) sont confrontés à un industriel refusant toute négociation. Son quasi-monopole ne lui suffit plus et ils prennent plaisir à forcer nos représentants à accomplir, en sa faveur, les dernières prérogatives de l’organisation qu’il est de toute façon en train d’abattre.

Partout en Europe, on voit naître des groupements d’agriculteurs décidés à prendre leur destin en main. Ils commercialisent eux-mêmes leur production. Chez nous, Fairebel est l’exemple le plus connu. L’ambition de la Sucrerie de Seneffe n’est en rien différente de tous ces mouvements de prise de conscience. Si ce n’est qu’elle est probablement le plus grand investissement financier du moment.

Que ce soit en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine, les pays développés veulent agir à grand renfort médiatique pour un commerce équitable mais, dans ce domaine, les agriculteurs européens sont devenus les parents pauvres.

Je rejoins aussi pleinement les avis et articles rédigés par Monsieur Prévost et JMP et publié récemment dans le Sillon.

Lorsque l’on dépend d’un groupe industriel qui décide de restructurer pour « assainir le marché » et abandonne ses agriculteurs en ne manifestant aucun état d’âme (pensez à nos collègues français de Cagny et d’Eppeville), on a toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Avec une sucrerie propriété des planteurs, cette épée pourrait disparaître.

Merci aux betteraviers qui ont décidé de souscrire à 100 % de leur possibilité d’emblavement. Quant à ceux qui pourraient souscrire plus et/ou on réduit leur intention de 2017, je pense qu’ils prennent un double risque : ne pas voir se réaliser la sucrerie de Seneffe et rester à jamais confronter à un prix de la betterave non motivant car non rémunérateur. Enfin, il y a tout ceux ne se sont plus manifestés du tout, ceux-là prennent un troisième risque : ne jamais pouvoir rejoindre la sucrerie à plus long terme puisque ses capacités sont limitées.

Pourtant, si chaque déclaration non liante de fin 2017 se concrétisait par une souscription minimale ou une augmentation d’au moins 300 tonnes, les planteurs pourraient alors décider, sans aucun souci, de la construction de la Sucrerie.

L’avenir appartient aux audacieux et à ceux qui osent prendre des risques, bien calculés, par les temps difficiles que nous connaissons. La Sucrerie de Seneffe, avec la CoBT, nous donne aujourd’hui l’opportunité de ne pas vivre le désarroi de nos collègues français.

Alors, la CoBT qui doit-elle inquiéter ? Les betteraviers ou les industriels ? À vous, agriculteurs de le décider !

J-C B.

Agriculteur

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