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Plastique libère tant…

« Yam ! Bam ! Mon chat Splatch gît sur mon lit, a bouffé sa langue en buvant tout mon whisky. Quant à moi, peu dormi, vidé, brimé, j’ai dû dormir dans la gouttière, où j’ai eu un flash, en quatre couleurs… ». Depuis trente ans, la chanson sans queue ni tête de Plastic Bertrand plane pour nous, parmi ces airs entêtants qui éparpillent au vent les pensées du moment et finissent par polluer notre entendement. Ça plane aussi pour le plastique depuis un siècle : il n’a cessé de se diversifier et d’envahir le monde, au point d’être devenu aujourd’hui un de ses polluants majeurs ! L’agriculture aussi fait partie des gros consommateurs de plastiques en tous genres, pour le meilleur… et parfois pour le pire !

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« Yam ! Bam ! Mon chat Splatch gît sur mon lit, a bouffé sa langue en buvant tout mon whisky. Quant à moi, peu dormi, vidé, brimé, j’ai dû dormir dans la gouttière, où j’ai eu un flash, en quatre couleurs… ». Depuis trente ans, la chanson sans queue ni tête de Plastic Bertrand plane pour nous, parmi ces airs entêtants qui éparpillent au vent les pensées du moment et finissent par polluer notre entendement. Ça plane aussi pour le plastique depuis un siècle : il n’a cessé de se diversifier et d’envahir le monde, au point d’être devenu aujourd’hui un de ses polluants majeurs ! L’agriculture aussi fait partie des gros consommateurs de plastiques en tous genres, pour le meilleur… et parfois pour le pire !

Comme l’indique son nom, le « plastique » est une matière susceptible d’être moulée et façonnée en un objet ou un matériau. Il existe un grand nombre de plastiques naturels, utilisés depuis la nuit des temps : gélatine d’os ou de corne, caoutchouc, cellulose… La pétrochimie a multiplié les compositions et les fonctions de cette substance magique, aux applications quasi infinies. Il suffit de regarder autour de soi : les plastiques sont partout et dans tout : objets du quotidien, électricité, alimentaire, pneus, isolation… L’agriculture en fait une consommation affolante : bâches de silo, film étirable d’enrubannage, ficelles et filets de ballots, bidons pour huiles et produits phytos, etc. S’en passer équivaudrait à retourner cinquante années en arrière !

Revers de la médaille, évidemment, le plastique génère, une fois usé, des quantités astronomiques de matières à recycler ou à éliminer. Rien qu’en Europe, 25,8 millions de tonnes de plastiques sont produites chaque année ; seulement 30 % de ce volume est recyclé ! Près de 500.000 tonnes aboutissent dans les mers et les océans ; au niveau mondial, huit millions de tonnes se retrouvent dans les océans, soit l’équivalent de 35 containers chaque heure ! Et sur les terres ? La grande partie du plastique non recyclé est brûlée dans des centrales thermiques, le reste se trouve un peu partout dans les décharges, dans la nature aussi, hélas…

Le long de nos routes de campagne, il n’est pas rare de découvrir ici et là des vieilles ficelles, qui ont servi de clôtures improvisées pour changer un troupeau de prairie. Les services publics qui fauchent les accotements râlent un maximum quand ces ficelles s’enroulent dans les rotors de la broyeuse. Des boules enrubannées détériorées aboutissent parfois au coin d’un bosquet et s’y décomposent lentement, très lentement. Certaines exploitations offrent le spectacle affligeant de dépôts de bidons usagés, de bâches ou de plastiques de silo, de ficelles… Des monceaux de pneus pourrissent dans un coin envahi par une jungle d’orties et de broussailles. Même dans les fermes modèles, des petits morceaux invisibles de quelques centimètres se baladent un peu partout, dans les prairies et dans les champs de culture, résidus de notre civilisation du plastique.

Comment éviter cette pollution ? Des collectes de plastiques agricoles sont organisées régulièrement dans nos communes, mais où vont tous ces déchets ? Ils sont envoyés quelque part en Asie pour être « recyclés », paraît-il. Depuis peu, la Chine refuse les vieux plastiques européens ; le rôle de poubelle du monde ne lui convient plus. Si plus personne ne veut de nos « crasses », où vont-elles aboutir ? Ne vaudrait-il pas mieux limiter notre consommation, ou mettre au point des plastiques agricoles réellement biodégradables ? Le plastique libère tant de déchets ! L’ombre de sa pollution plane sur notre environnement, inutile de se voiler la face.

« Allez hop ! T’inquiètes, t’occupes, touche pas ma planète. It’s not today que le ciel me tombera sur la tête… », chantait l’insouciant Plastic Bertrand. Mais notre planète, justement, risque fort de devenir à la longue une décharge à ciel ouvert constellée de bouts de plastique, si l’on n’y prend pas garde…

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